Confinés tous ensemble entre quatre murs, des insultes, on risque
d'en entendre beaucoup dans les prochaines semaines.
Laisser traîner son linge, ne pas avoir nettoyé la table, ou encore avoir piqué le jouet de sa petite sœur, en famille,
beaucoup de choses peuvent être prétexte pour s'insulter !
Mais au fait, pourquoi est-ce qu'on s'insulte ?
Les psychanalystes et philosophes se sont beaucoup penchés
sur la question. L'insulte a pour but premier de blesser l'autre.
Au point que, pour la linguiste Laurence Rosier, l'insulte est très saine
dans la société, puisque quand on insulte quelqu'un, au moins,
on ne le frappe pas.
L'insulte ou l'injure ont un côté aussi transgressif : on nous a appris
qu'il ne fallait pas dire de gros mots… Alors, enfant, dire des gros mots,
ça avait le goût délicieux de l'interdit. Et ce goût délicieux,
on le ressent toujours un peu.
Mais les insultes forment aussi une partie de notre identité culturelle : chaque langue a ses propres gros mots.
Et tous ceux qui la parlent s'y identifient : on forme un groupe commun
où on a décidé ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, ce qui est un gros mot et ce qui n'en est pas un.
La langue française passe d'ailleurs pour la grande spécialiste des insultes. Et justement, si nous sommes si doués pour ça, d'où viennent nos insultes préférées ?
Sachez que le mot « salope », c'est la contraction des mots sale et huppe. La huppe est une espèce d'oiseau orange, certes très mignon, mais qui dégage une odeur nauséabonde de son nid : elle y laisse pourrir ses déjections.
Les insultes de salope, comme putain, renvoient tous deux à la même notion de saleté. Car oui, putain a la même racine latine que puer et puant. Et ce sont deux insultes destinées aux femmes : en fait, vous remarquerez que toutes les insultes adressées à la gente féminine ont une connotation de saleté et sexuelle par-dessus le marché.
Alors que la version masculine de salope, le salaud, est certes un méchant, mais la notion de saleté et de dépravation n'y est pas du tout.
Patriarcat quand tu nous tiens.
Les insultes visant les mamans, elles, existent dans toutes les langues. « Fils de pute » existe même depuis le Xième siècle : on en a retrouvé la trace dans des chansons destinées à motiver les hommes à partir en croisade. Parce que dans toutes les cultures, insulter la mère c'est insulter toute la famille, ce qui est très lourd de sens.
Ne vous privez donc pas d'être inventifs pour vous insulter en confinement – cela a de fortes chances de détendre l'atmosphère en un clin d'oeil ! Mon meilleur conseil, c'est de s'inspirer des langues étrangères : allez chercher chez les allemands le « Du Lauch ! », littéralement « espèce de poireau ». OU encore chez les britanniques , avec leur « you spoon ! », autrement dit « espèce de cuillère » !
Bref, de quoi passer des prises de bec bien plus agréables.