Jeudi 9 décembre, l'ONU célébrait la journée mondiale de lutte contre la corruption. Qu'en est-il en France et en Europe ? Réponse avec Eric Alt, vice-président de l'association Anticor.
Le Grand Stade de Lille, Roquette...
Comme précisé par Eric Alt, la corruption touche certes les puissants, mais aussi et surtout les responsables politiques au niveau local. Ainsi, il n'est pas rare que des affaires de corruption d'ampleurs diverses fassent les gros titres des journaux. Dans le Nord on peut notamment penser à l'affaire du Grand Stade de Lille dans laquelle le président de la Métropole de Lille Damien Castelain était impliqué. Il a finalement avoué avoir bénéficié -en marge de la construction par Eiffage du Grand Stade- de plus de 17 000 euros de pierres bleues. Si ce volet précis de l’affaire n’est pas prescrit, tout le reste du dossier, portant sur des faits de corruption active et passive, de favoritisme, de faux et usage de faux et de trafic d’influence, ont abouti à des non-lieux, les charges étant jugées insuffisantes, ou les faits prescrits.
Il ne s'agit là que d'un exemple, mais on pourrait également penser à l'entreprise Roquette. En novembre, le parquet de Lille avait requis six mois de prison avec sursis contre Christophe Roquette, administrateur du géant de l'agroalimentaire Roquette, pour s'être rendu complice d'achat de voix lors d'un vote qui avait transformé l'organisation de l'entreprise familiale.
Le secteur public touché en priorité ?
Plus globalement en France, l'ONG Transparency International nous apprend que ce sont les maires, adjoints et conseillers qui représentent 39% de la corruption si l'on regarde par secteur d'activité et de profession. Viennent ensuite les entreprises et dirigeants qui représentent 24% de la corruption, puis les personnes privées 11%, les employés des collectivités territoriales 10%, et enfin les fonctionnaires 9%. En terme d'infraction, il s'agit à 26% de détournements de fonds publics, à 18% de prise illégale d'intérêts ou d'ingérence, à 17% d'escroquerie et de fraude, à 16% de faux et usage de faux et enfin à 13% d'abus de bien sociaux.
Mais si l'on compare avec le reste du monde, la France est loin d'être le pays le plus corrompu. Elle se classe en effet 23e sur 180 pays d'après les données de Transparency International. Le Top 10 des pays les plus vertueux étant constitué du Danemark en n°1, suivi de la Nouvelle-Zélande, de la Finlande, de Singapour, puis de la Suède, Suisse, Norvège, Pays-Bas, Allemagne et Luxembourg… À l'inverse, parmi les pays les plus corrompus, se trouvent le Venezuela, le Yémen, la Syrie, la Somalie et enfin bon dernier le Soudan du Sud.
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