L'aquaponie se développe de plus en plus en France et en Europe, en particulier en Belgique, en Suisse et en Allemagne. Cette technique de production consiste à cultiver en symbiose poissons et végétaux. Quel est son intérêt écologique ?
Pierre Foucard est ingénieur au sein de l'Itavi (Institut technique de l’aviculture) qui travaille depuis 6 ans en partenariat avec d’autres centres de recherche, sur le projet Apiva (Aquaponie innovation végétale et aquaculture). Ce projet explore les intérêts de ce système de production :
"Le but c'est de produire à la fois du poisson et des végétaux grâce aux effluents issus de la pisciculture. Concrètement, on va nourrir le poisson qui va rejeter des matières azotées et phosphatées qui au lieu de se retrouver dans l'environnement vont servir à nourrir des plantes. L'azote et le phosphore constitue ce qu’on retrouve dans les engrais chimiques sauf que là c'est une version naturelle qui va être disponible pour les plantes. On travaille sur des systèmes quasiment fermés donc il y a à la fois cette vocation d’économie d'eau, d'économie d'engrais pour la partie végétale et de maîtrise de ce qu'il se passe dans le système"
Un gain de ressources que note Guillaume Pelet, cofondateur de la société Nutreets, créée en 2016.
"Dans notre ferme aquaponique de la La Chapelle-Basse-Mer à proximité de Nantes, on produit 8 tonnes de végétaux par mois. Si vous produisez ces 8 tonnes de manière conventionnelle, vous allez consommer 10 fois plus d'eau pour le faire. Donc pour un même volume produit, on économise 90% à 95% d'eau vis à vis des méthodes traditionnelles. On n'utilise pas de phosphore ni de phosphate pour la fertilisation"
Le réel impact écologique encore à l'étude
Dans sa ferme aquaponique, il élève des truites et cultive toutes sortes de légumes et de plantes aromatiques. Selon les règles européennes, les végétaux cultivés dans ce système d’aquaponie ne peuvent pourtant être labellisés bio. En effet, la production biologique n’est possible que lorsque les végétaux sont cultivés naturellement dans le sol.
Malgré l’absence d’intrants chimiques et le fonctionnement en circuit quasiment fermé, d’autres aspects doivent être analysés pour garantir l’attrait écologique de ce système de production comme le précise Pierre Foucard :
"Il y a certains points sur lesquels il faut davantage travailler pour voir le réel impact environnemental comme l'aspect consommation d'énergie dans ces systèmes. On fait fonctionner des pompes, des soufflantes à air et donc il y a un impact carbone qui doit être mesuré, évalué et comparé à d'autres techniques de production au regard de ce qu'on peut produire par kWh consommé."
Image : Nutreets