Accentuée par le contexte sanitaire actuel et les confinements successifs, la solitude est un sentiment bien présent en Europe. Selon une étude récente du centre de recherche de la Commission, 7% des européens déclarent souffrir de solitude, soit fréquemment, soit de manière permanente.
Alors qu'est-ce que la solitude ? Diffère -t-elle d'un pays à un autre ? Pourquoi est-elle problématique et a-t-elle évoluée au fil des siècles ?
Pour le savoir, Maximilian v. Klenze de l'Académie euradio s'est entretenu avec Béatrice d'Hombres, chercheuse au Centre de recherche de la Commission européenne et Marie Chantal Doucet, sociologue et professeure à l'Université de Québec à Montréal.
Interview de Béatrice d'Hombres
Pour commencer, Maximilian v. Klenze accueille Béatrice d'Hombres, chercheuse au Centre de Recherche de la Commission européenne, et spécialiste des sujets en lien avec la solitude. Alors, qu'est-ce que la solitude ? Pourquoi est-elle un problème ? Et quelle est sa prévalence en Europe ?
"La solitude, c'est un ressenti. Et comment mesure -t-on la solitude ? Il y a différentes façons. Ou bien nous demandons aux personnes si elles se sentent seules, ou bien on va s'interroger sur l'isolement de ces personnes.
Pourquoi la solitude est un problème ? Bien sûr parce que la solitude est liée à tout un ensemble de problèmes de santé physiques ou psychologiques. La solitude est corrélée avec des problèmes d'anxiété, de dépression, avec des problèmes de maladies cardiovasculaires etc. Et la solitude est également un problème parce qu'il en va de la cohésion de notre société. Plus les personnes sont seules, moins les sociétés tendent à être cohésives. Voila pourquoi la solitude est un réel problème !
En Europe, il y a quelques années, au Centre de recherche nous voulions faire une cartographie de la solitude en Europe, car finalement on sait peu de choses lorsqu'il s'agit de faire des comparaisons entre pays. Ce dont on s'est rendus compte, c'est qu'environ 7% de la population en Europe déclare souffrir de solitude, tout le temps, ou la plupart du temps. Ce qui est assez énorme. Évidemment il y a d'énormes différences régionales. Par exemple, on s'est aperçus qu'en Europe du Sud et de l'Est, une proportion plus importante de personnes ont tendance à souffrir de solitude.
Ce qui est aussi important de noter, c'est que la solitude c'est un peu stigmatisé. Les estimations qu'on a sont donc probablement une sous-estimation de la réalité."
Dans la suite de cette interview, Béatrice d'Hombres nous parle notamment des structures familiales ou culturelles qui peuvent conduire à ce sentiment de solitude ; elle nous explique également les raisons pour lesquelles la solitude est un problème pour la cohésion sociale ; avant de revenir sur l'éventuelle corrélation entre l'avancée du populisme et la solitude. Cette interview aborde également les similitudes et différences entre la solitude des jeunes et celle des personnes âgées.
Interview de Marie Chantal Doucet
Pour cette deuxième interview, Maximilian v. Klenze reçoit Marie Chantal Doucet, sociologue et professeure à l'Ecole de travail social de l'Université de Québec à Montréal, pour discuter du lien entre solitude et modernité. La solitude a-t-elle changé de caractère et s'articule -t-elle différemment de l'époque des Lumières ?