Pour la plupart des travailleuses et travailleurs du sexe, déjà en situation de précarité, la crise du Covid-19 les met dans des situations très difficiles. Plusieurs associations européennes ont ainsi demandé qu’un fond d’urgence soit mis en place. C’est un sujet de Robin Lemoine, journaliste à l’Académie Euradio.
Risque sanitaire, difficulté financière et discrimination, les travailleuses et travailleurs du sexe se retrouvent directement confrontés à la crise sanitaire. Si leur travail est légal dans la plupart des pays européens, dans des mesures différentes, peu de territoires ont décidé de leur venir en aide. C’est ce que nous explique, Luca Stevenson, coordinateur du réseau européen des travailleurs du sexe ICRSE :
"Beaucoup de travailleurs du sexe sont déjà précaires. Par exemple beaucoup sont immigrés et partagent une chambre d'hôtel à trois-quatre. Là avec la crise Covid-19, ils ont perdu tous leurs revenus, ils se retrouvent à la rue, incapables de payer leur loyer. Il y a eu également des cas de voisins qui ont demandé que les travailleurs du sexe soient expulsés de leur logement. Des médias ont attaqué les travailleurs du sexe en disant qu'elles sont irresponsables de continuer à travailler. Alors que si elles ne travaillent pas elles n'ont pas d'argent pour manger et payer leur loyer.
Il y a vraiment une crise. Toutes les associations d'organisations de travailleurs du sexe au Royaume Uni, au Portugal et dans d'autres pays, demandent à ce que les travailleurs du sexe, quelque soit leur statut migratoire, qu'elles soient enregistrées ou non à leur compte, puissent avoir des aides de l'Etat pour qu'elles puissent arrêter de travailler. Qu'elles ne se mettent pas en danger, ne mettent pas en danger leur famille, leurs enfants et leurs parents. Et qu'elles puissent participer aussi à se battre contre la pandémie."
En France, le syndicat du travail sexuel Strass a demandé la mise en place d’un fond d’urgence pour venir en aide à ces personnes. Dans certains pays où la prostitution est légale et régulée, comme en Grèce, des aides sont proposées. Mais très difficile à obtenir, car selon Luca Stevenson, la plupart des travailleurs du sexe ne sont pas déclarés.
Ainsi, il semble encore plus difficile d’apporter une aide d’Etat. En France, malgré l’allongement de la trêve hivernale, plusieurs associations alertent sur des cas d’expulsions de travailleuses du sexe dans l’incapacité de régler leur chambre d’hôtel ou leurs loyers.