La France et l'Allemagne face à la flambée des prix du gaz et de l'électricité

 La France et l'Allemagne face à la flambée des prix du gaz et de l'électricité

Nouveau rendez-vous mensuel d'Euradio à Strasbourg : la chronique du Centre Européen de la Consommation, organisme franco-allemand d'information et de conseils aux consommateurs basé à Kehl / Strasbourg. Chaque mois, nous allons aborder un sujet qui concerne les consommateurs français et allemands. Et ce mois-ci, c'est de facture de gaz et d'électricité dont il est question avec Arthur Lindon.

Partout en Europe, les citoyens font le même constat. Les prix de l’électricité et du gaz augmentent depuis plusieurs mois. Est-ce à cause de la guerre en Ukraine, Arthur ? 

Oui et non. Ce qu’il faut avant tout avoir en tête c’est d’abord le contexte : une forte inflation dans tous les pays de l’Union européenne. C’est le cas en France bien sûr et surtout en Allemagne qui avec 7,3% d’inflation en mars, n’avait pas connu pareille situation depuis novembre 1981. Cette augmentation des prix concerne les produits alimentaires. Les matières premières pour l’industrie ou la construction. Mais également l’énergie dont le carburant, le gaz et l’électricité. Mais cette inflation n’est pas la conséquence que de la guerre en Ukraine puisqu’elle avait déjà entrepris sa hausse en 2021. Les raisons sont en réalité plurielles : le coup d’arrêt brutal de l’activité en mars 2020 à cause du Coronavirus suivi de la reprise économique très soutenue l’an dernier et enfin la guerre en Ukraine.

Et concrètement en Allemagne, quelles sont les conséquences ressenties par les consommateurs ?


Vous le savez peut-être l’Allemagne a décidé de se passer du nucléaire en 2011. Et sur la dernière décennie, nos voisins ont drastiquement réduit leur recours aux énergies fossiles. Sauf qu’en ce qui concerne la fourniture d’énergie aux consommateurs, le pays reste encore très dépendant du charbon et du gaz naturel. Et c’est là où le bât blesse, le gaz importé en Allemagne provient pour moitié 55% précisément de Russie. Avec la suspension de l’ouverture du gazoduc Nord Stream 2 suite à l’invasion russe en Ukraine l’envolée du prix du gaz a été accentuée. D’après Vérivox, un comparateur de prix, il a presque triplé entre avril 2021 et avril 2022 avec une hausse exponentielle depuis le début de l’année. Et ce n’est pas mieux pour l’électricité puisque sur la même période elle a augmenté de 50%.

Alors pour aider les allemands à faire face Berlin a annoncé la fin de la redevance sur les énergies renouvelables à partir de juillet. Et tous les contribuables recevront une aide unique de 300€ d’ici l’été et les foyers les plus modestes comme les étudiants percevront une allocation chauffage jusqu’à 270€.

Et qu'en est-il en France, les prix du gaz et de l'électricité ont-ils augmenté dans les mêmes proportions ?

Non, pas du tout ! Comme je le rappelais, la flambée des prix ne date pas de février mais bien de la reprise économique l’an dernier et de la course folle à l’approvisionnement en énergie. Le gouvernement français a réagi dès septembre 2021 en annonçant une indemnité inflation et en gelant les tarifs réglementés du gaz. Et la Commission de régulation de l’énergie estime que ce bouclier tarifaire a permis aux Français d’éviter sur leur facture une augmentation du kilowattheure de gaz de 78% par rapport à l’automne dernier. 

Pour l’électricité, la réaction de Paris est semblable. La quasi-totalité des taxes ont été suspendues ce qui a limité la hausse du tarif réglementé de l’électricité à 4%. C’est huit fois moins que s’il n’y avait pas le bouclier tarifaire.

Les Français les plus modestes vont également prochainement recevoir un coup de pouce avec un chèque énergie. Mais que se passera-t-il à la fin du bouclier tarifaire ?

Pour l’instant, le bouclier tarifaire est maintenu jusqu’à juin prochain et pourrait être prolongé jusqu’à la fin de l’année 2022. C’est en tout cas la volonté d’Emmanuel Macron. Lorsqu’il sera supprimé, il faut espérer que les prix du gaz et de l’électricité auront baissé afin que les Français ne voient pas leur facture augmenter très brutalement. Et même si les tarifs de l’énergie diminuent, il n’est pas certain que la facture en fera autant puisqu’il faudra bien rembourser le coût du bouclier tarifaire au moins 22 milliards d’euros