Avez-vous pensé aux conséquences de l’utilisation des serviettes hygiéniques?
Ce n’est pas seulement un problème environnemental mais aussi sanitaire car les serviettes sont pleines de produits chimiques. Et c’est surtout une question qui touche le budget des femmes.
«Une serviette pour tous» c’est le concept lancé par Solenn Carré. Elle veut rendre les serviettes hygiéniques plus écologiques et accessibles à toutes. Madame Carré, créatrice de la boutique Aponi, participe aujourd’hui au concours Audacity Awards à Saint-Nazaire.
Au delà de l’action environnementale, le but est de rendre accessibles ces produits aux plus démunies.
[audio wav="https://euradio.fr/wp-content/uploads/compresas-para-todas.wav"][/audio]
Solenn Carré part du constat que les périodes de menstruation des femmes exigent un important budget: environ 70 € par an pour des protections à usage unique. Madame Carré se propose de rendre visible aussi une autre réalité:
En France il y a aujourd’hui 7 millions de femmes de 13 à 50 ans qui utilisent 290 protections sanitaires par an. Selon l’entrepreneuse, ça génère 4 millions kilos déchets par an.
Avoir ses règles n'est pas un choix et pouvoir les gérer de manière saine et digne ne devrait pas être considéré comme un privilège.
À l'échelle européenne, en matière d'hygiène féminine et du taxation nous faisons face à un sujet qui a fait des bonds en avant mais pas avec la même vitesse dans tous les pays européens.
D’abord, Il faut dire qu'il existe notamment une directive du Conseil européen de 2006 qui établit: "Les produits destinés à la protection de l'hygiène féminine peuvent être soumis à des taux réduits".
Cependant, le processus après cette année a été lent à démarrer.
Pour donner quelque exemples: la France a ramené la taxe de 20% à 5,5% en 2015, à 6% pour les Pays-Bas, elle a été aussi réduite en Angleterre de 17,5% à 5,5%. La Belgique a réussi à inclure dans la loi de finances de 2017 la diminution de 21% à 6%. Et l’Écosse a décidé de fournir gratuitement des serviettes hygiéniques, cet été. Alors que l'Irlande, comme le Canada, l'a même abolie.
En Espagne, les comptes de l'année prochaine incluraient la réduction de la TVA sur les produits d'hygiène intime féminine.
On parle de la Taxe rosse, impuesto rosa en Espagne. Elle sera réduite de 10% à 4%.
Toujours dans le pays méditerranéen, en Italie, la question apparaît plus compliquée en raison d'une tergiversation du sujet par les derniers gouvernements. Les serviettes ne sont pas considérées par la loi italienne comme des produits de première nécessité et sont donc taxées à 22%.
Le journal italien Corriere della Sera dans une enquête a montré qu'en moyenne une femme italienne doit payer environ 126 euro par an.
L’unique proposition sur le plan national à ce sujet-là vient du parti politique Possibile.
Pippo Civati, membre du parti, a déclaré: “Les absorbants ne peuvent être considérés comme des produits de luxe. L’égalité des sexes en matière de salaire et de consommation est fondamentale, pas seulement en ce qui concerne les serviettes hygiéniques, mais pour tous les produits qui présentent un écart de prix déterminé par la différence entre les sexes".
Et dans l’actualité européenne le sujet reste chaud, mais d'un autre point de vue.
Selon Politico, la Commission européenne a éliminé les produits menstruels de la version finale de la liste des articles, qui devraient être taxés en raison de leur impact sur l'environnement. Cela s'est passé dans le cadre du vote sur les plastiques à usage unique.
Politico a écrit qu'en mai dernier, les serviettes hygiéniques avaient été incluses dans la liste des produits plastique à taxer, et que les producteurs de serviettes hygiéniques avaient averti la Commission qu'ils augmenteraient les coûts d'une taxation plus élevée sur les consommatrices finales.
Toujours selon Politico, ces produits essentiels ont été supprimés du projet final car ils ne doivent pas être considérés comme un autre déchet. "Aucun député ne voudrait se rappeler de son vote en faveur d'une taxe sur les serviettes hygiéniques", a commenté Ariadna Rodrigo de Greenpeace.