Nous avons rencontré Myriam Bigeard et Simon Favreau, respectivement présidente et directeur de la Maison départementale des personnes handicapées - MDPH, de Loire-Atlantique. Un collectif de citoyens manifestait d'ailleurs mardi 11 février devant la MDPH nantaise. L'occasion pour nos invités de répondre à quelques questions.
J’ai écouté les proches aidants mobilisés, qui vous reprochent une certaine inaction, une lenteur administrative pour obtenir une réponse à leurs dossiers. Qu’est-ce que vous avez à leur répondre Monsieur Favreau ?
"La Loire-Atlantique, c'est 96 000 personnes en situation de handicap, soit 7% de la population, qui a un droit au titre du handicap. Donc cela nécessite pour les services de la MDPF de traiter beaucoup de demandes. Aujourd'hui, la MDPH est mobilisée [...] pour construire un service public modernisé, avec notamment une amélioration des délais de traitement, qui sont aujourd'hui d'un peu plus de quatre mois. [...] Et cela passe aussi par le fait d'avoir un site internet actualisé. On va d'ailleurs ouvrir un nouveau site internet en juin 2020, où les demandes pourront être déposées en ligne."
Oui mais concrètement, les familles vous reprochent des délais très longs, qui dépassent parfois les cinq à six mois d’attente...
"Le délai aujourd'hui est de quatre mois. [...] Il n'a pas toujours été de quatre mois, c'est vrai [...] et bien sûr derrière cette moyenne se cachent aussi des situations plus particulières, qui nécessitent des délais plus longs. [...] La situation doit être appréciée dans toutes ses composantes [...] : vie quotidienne, vie professionnelle ou vie scolaire, aidants [...]. Donc forcément, cela prend un peu de temps. [...] L'important aussi, c'est de co-construire la réponse et qu'elle convienne à la personne. [...] Ce ne sont pas quatre mois où il ne se passe rien. C'est quatre mois où il y a des échanges."
Les équipements dans la vie quotidienne des personnes atteintes de handicap sont-ils suffisants ? En Allemagne par exemple, les transports en commun - je pense particulièrement au métro et aux trains de grandes lignes -, sont presque systématiquement accessibles aux personnes à mobilité réduite. Est-ce qu’il n’y aurait pas des difficultés auxquelles le département pourrait répondre ?
"Au niveau du département, il y a des efforts importants qui sont faits. En matière d'accessibilité, nous sommes responsables de nos locaux. Pour tout ce qui est lié aux transports, on a mis en œuvre un service qui répond à l'aide aux déplacements des personnes en situation de handicap ; pour se rendre à l'école principalement. [...] On essaye aussi de permettre à des personnes qui sont à domicile, de leur faire bénéficier d'une aide matérielle, d'une aide humaine [...], pour qu'ils puissent rester chez eux. [...] On a également développé depuis l'année dernière ce que l'on appelle l''habitat inclusif'."
D’autres initiatives peut-être ?
"On a également cette volonté de permettre à ces personnes, si elles ont besoin, d'être accueillies dans des structures spécifiques ou par des services adaptés. [...] C'est un budget très important au niveau du département. C'est quand même 164 millions d'euros pour l'accompagnement du handicap."
Je vois que vous avez un dossier de presse de la présidence de la République Madame Bigeard. Je ne sais pas si vous avez eu le temps d’écouter le discours prononcé par Emmanuel Macron sur la question ; mais qu’est-ce qui en ressort de concret pour vous ?
"Aujourd'hui, d'après ce que j'ai pu entendre, [...] il y aurait dans certaines situations un droit à vie à la prestation de compensation du handicap et cela devrait être initié dès 2020. Je pense que c'est une avancée certaine. [...] Lorsque l'on est en fauteuil, on sait pertinemment qu'on ne pourra sans doute pas remarcher ; régulièrement refaire un dossier pour bénéficier d'une aide financière ou d'un soutien, cela devenait inconcevable. Également concernant l'inclusion, il devrait y avoir normalement 850 nouvelles ouvertures en France d'unités délocalisées pour l'inclusion scolaire, sur trois ans. Et cela, c'est un point essentiel : [...] on souhaite vraiment que les enfants puissent être scolarisés en milieu 'ordinaire' et bénéficier d'un accueil de qualité."
Est-ce que vous pouvez me dire, Monsieur Favreau, quelle est la récurrence du renouvellement des droits, pour donner une petite idée à nos auditeurs ?
"Les droits en fait sont prononcés sur des durées qui peuvent être très variables. Mais l'important pour nous, [...] c'est de pouvoir anticiper la fin du droit [...]. Et puis dans les nouveautés 2020, c'est aussi de réfléchir [...] à proposer aussi des 'rendez-vous parcours', avec certains profils de personnes, qui pourraient voir leurs droits renouvelés avec des procédures administratives allégées, sans forcement redéposer un dossier, mais en contactant la MDPH."