La Convention citoyenne pour le climat a commencé depuis octobre. Son travail se poursuit jusqu'en avril. Le week-end dernier, le 08-09 février, ses membres - dont 150 citoyens tirés au sort - se sont réunis pour la cinquième fois pour élaborer un texte de loi sur la transition écologique.
Nous avons rencontré William Aucant, architecte nantais, qui est un des 150 citoyens tirés au sort pour participer à la Convention. Il nous a donc expliqué ce qu'il s'est passé ce week-end et où en est leur travail.
Comment s'organise la Convention citoyenne pour le climat ?
"Nous nous réunissons un week-end par mois, avec entre-temps beaucoup de travail de lecture, d'écriture, afin de trouver des solutions pour réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Le tout dans un esprit de justice sociale.
Nous avons divisé le travail en cinq thématiques. Je suis dans le groupe Se loger - ce qui tombe plutôt bien pour un architecte."
Et donc qu'avez-vous fait ce week-end ?
"Nous avons pris nos projets de mesures que nous avions élaborés dans les dernières sessions que nous avons traduits en ambitions. De là vont découler des projets de loi."
Que va-t-il se passer lors de la prochaine session ?
"Pendant l'intersession, nous allons nous atteler à l'écriture en nous concertant avec les experts. Ils nous donnent des coups de main pour pallier au fait que tous les 150 citoyens ne sont pas des juristes !
Nous allons ensuite nous rencontrer tous ensemble pour valider nos hypothèses."
Alors pour votre groupe, quelles sont vos propositions ?
"Pour le groupe Se loger, nous avons trois propositions. L'une concerne la rénovation globale des bâtiments pour réduire la consommation de chauffage. La deuxième porte sur la formation professionnelle des métiers du bâtiment pour les nouvelles méthodes de construction "biosourcées". La troisième lutte contre l'étalement urbain et l'artificialisation des sols."
Justement, comment ces propositions vont-elles être appliquées, une fois que le travail de la convention sera terminé ?
"Nous allons remettre un texte législatif au gouvernement. Ensuite, ils vont voir s'ils le soumettent au Parlement, s'ils l'appliquent eux-mêmes ou si le président va le soumettre au référendum."
Vous y croyez, vous, que ça va aboutir ?
"Oui, ça en prend bien le chemin en tout cas. Nous avons rencontré Emmanuel Macron qui nous a demandé d'être précis et solides : cela nous donne un objectif à tenir. Nous, nous ferons notre part du marché et ensuite on verra. Je trouve que ce n'est pas une perte de temps de voir ce que les citoyens peuvent d'eux-mêmes proposer. Car le climat dépasse complètement les partis politiques. Il faut donc croire en nos capacités."
Et comment se passe le débat avec les experts : est-ce possible de dire à un expert que vous n'êtes pas d'accord avec lui ?
"Cela nous arrive d'être en profond désaccord avec les experts, parfois juste sur une question de bon sens. Par exemple, un expert nous a raconté qu'importer un produit par cargo depuis l'autre bout du monde émettait moins de CO2 qu'un produit fait chez nous. On y croit à peine."
Nous sommes sur une radio européenne, et une grande partie de la législation environnementale française provient de Bruxelles. Comment parlez-vous d'Europe à la Convention ?
"Avec la Convention citoyenne, la France a pris une initiative unique. Alors je pense qu'on peut se réjouir que la France aille plus loin que les accords internationaux. Sachant que la crise est globale et qu'il faut tous s'y mettre, si la France peut être pionnière, eh bien, les autres pays doivent nous suivre."
Et au niveau local, est-ce que vous-même à Nantes exportez les propositions de la Convention citoyenne ?
"Nous sommes à l'oeuvre en ce moment : nous avons organisé un Clim'apéro, une rencontre avec d'autres citoyens autour d'un verre-débat. Une quarantaine de citoyens sont venus. Ils m'ont poussé à rencontrer des politiques sur le sujet - j'étais jusqu'ici un peu réticent car nous ne nous substituons pas au système politique. Ces citoyens sont aussi désireux d'organiser une Convention citoyenne locale avec des problématiques locales. Ce serait formidable."
Vous participeriez, vous ?
"Je pense qu'il faudrait aussi tirer les membres au sort, car le tirage au sort a apporté beaucoup de choses imprévues finalement. Mais je serais 100% dans l'organisation."