Ca ressemble encore à un doux rêve en France, mais c'est maintenant une réalité en Suisse et dans certaines régions d'Allemagne : les salles de sport sont ouvertes depuis le 11 mai !
Les accros du fitness s'y sont-ils précipités ? Pas vraiment, témoigne Joel Bornand. Il est gérant d'une salle de sport suisse, près de Lausanne.
"C'est une catastrophe. J'ai pas mal de clients qui m'ont dit qu'ils voulaient revenir une fois que la première vague de ceux qui veulent vraiment retourner au fitness serait passée. Mais nous, on l'attend toujours cette première vague ! Hier soir, il y avait trois personnes dans la salle de musculation, une au cardio. On sent qu'il y a encore une crainte de revenir au centre."
De la crainte, mais pas seulement. Car les entraînements en live, sur les réseaux sociaux, ont la cote depuis le confinement. Joël s'y est lancé lui-même.
Les lives à la maison : "une connexion avec la communauté"
"On a lancé les lives dès qu'on a vu qu'on était fermés et qu'on avait pas le choix. On a vu un peu de tout sur les réseaux sociaux : des gens qui font leurs lives dans leur cuisine, avec la vaisselle pas faite derrière. C'était exactement ce qu'on voulait éviter ! Donc on a installé un vrai petit studio dans notre salle de cours, et on a attiré plein de monde d'un peu partout. De France, de Belgique, même d'Espagne, c'est fou.
Le fait de faire des lives, ça amène une autre dynamique, car on a l'impression de faire du sport avec les autres. C'est assez magique : on est une centaine de personnes à faire en même temps le même effort. Et quand il y a une petite pause, on peut mettre quelques coeurs et dire "oh là là c'est dur". Cela crée une telle connexion avec les gens, même avec la fermeture du centre !"
Et c'est impossible de repartir comme avant.
"Par rapport au business, il y a bien un avant et un après coronavirus : parce qu'aujourd'hui, je me rends compte que la solution où on est aussi chez les gens, c'est quelque chose qui va devoir rester. Tous les clubs vont devoir proposer quelque chose qui permette de faire du sport à distance. Par exemple, ma femme va au fitness une ou deux fois par semaine. Elle va y retourner tranquillement mais elle continue de suivre ses lives tous les soirs."
Reste pour les salles à trouver un moyen de rendre ces lives rentables.
"Par la suite, je pense que la plupart des clubs vont chercher à inclure les lives à distance dans l'abonnement, comme une option. Je pense que c'est ce qui va se passer."