La crise sanitaire semble parfaitement maîtrisée en Géorgie. Témoignage de Lika Chipashvili, ancienne journaliste à Euradio et chercheuse chez GEOCASE, think-thank spécialisé dans les relations internationales. Elle nous fait un bilan complet sur la situation là-bas.
"Je vous salue en géorgien, ce qui signifie je vous souhaite la victoire, pour le monde entier et l'Europe, contre cette pandémie.
En ce qui concerne la situation en Géorgie, comparée au reste du monde et de l'Europe, on peut dire qu'elle est moins grave et plutôt stable. Pour l'instant [au 20 mars] nous enregistrons seulement 43 cas de coronavirus, en majorité des cas importés d'Italie, qui est l'une des destinations touristiques les plus prisées par les Géorgiens. Nous avons aussi une grande diaspora en Italie.
En Géorgie le virus se propage très lentement par rapport aux autres pays. On estime que la Géorgie a bien gagné deux semaines, par rapport aux autres pays européens pour freiner au maximum, dans la mesure du possible, la transmission du virus. Pour l'instant le fait le plus rassurant, c'est qu'on peut gérer la transmission du virus, parce que depuis le premier cas jusqu'à ce jour [20 mars] on connait l'origine de ces 43 cas déclarés, ce qui nous aide vraiment à éviter la propagation [et nous aide] surtout à rester optimistes.
Pour lutter contre la propagation du virus en Géorgie, le gouvernement a mis en place, comme dans d'autres pays, des mesures spécifiques. Certains disent même que le gouvernement a exagéré ces mesures, mais au vu de l'évolution de la situation, je pense en tant que citoyenne géorgienne, que nous avons bien agi.
Dès le mois de janvier nous avons annulé des vols pour la Chine. Des mesures très strictes de vérifications aux aéroports des voyageurs provenant des pays à haut risque de coronavirus ont été prises. Ce qui nous a permis ensuite d'identifier le premier cas à l'aéroport. En Géorgie c'est depuis le 2 mars que les crèches ne fonctionnent plus, les cours dans les écoles et les universités sont aussi arrêtés jusqu'au 1er avril. L'enseignement est désormais donné à distance. Mais aussi toutes les activités culturelles et sportives ont été annulées. En ce qui concerne le travail, nous sommes invités à pratiquer le télétravail, comme dans d'autres pays. Depuis le 18 mars, la Géorgie a également fermé des frontières pour deux semaines aux ressortissants des pays étrangers, à l'exception de certaines catégories.
Au niveau social, pas de panique ni de peur chez nous. Tout le système alimentaire fonctionne et les magasins sont normalement alimentés. Il n'y a vraiment aucune raison de se précipiter et surtout de vider les rayons. Les magasins qui ne fournissent pas de biens essentiels ferment à compter d'aujourd'hui [20 mars] et je pense que ça va changer un peu plus notre quotidien désormais.
Vu notre situation plus ou moins stable en Géorgie, la priorité c'est le rapatriement de nos compatriotes qui sont à l'étranger. Nous avons déjà rapatrié deux cents géorgiens qui étaient en Italie, en Bulgarie et aussi nos étudiants en Egypte. Nos services diplomatiques travaillent en continu pour organiser ces rapatriements. Hier [jeudi 19 mars], le gouvernement a pris une mesure spécifique : offrir la consultation médicale en ligne à nos concitoyens qui sont à l'étranger, y compris en France.
Dans ce contexte je veux vraiment saluer et applaudir nos médecins en Europe et dans le monde pour leur travail quotidien et vraiment soyons solidaires, restons chez nous ! Car vraiment aujourd'hui et paradoxalement, la plus grande liberté c'est de s'isoler. Aidons ainsi nos médecins pour lutter contre cette pandémie, tous, car l'union fait la force !"