Alors que le "Green new deal" européen est remis en cause par les grands lobbys industriels, un collectif de professionnels grenoblois a vu le jour, dès mars, pour produire un masque de protection réutilisable à grande échelle, baptisé "Ocov". Pierre Emmanuel Frot, ingénieur en génie industriel et membre du collectif y a trouvé des vertus, bien au delà de la problématique sanitaire.
"Le collectif est né à la suite de discussions avec des internes hospitaliers, quand on a compris que l'on allait pallier à un gros problème d'équipement des soignants. Une question qui était pour nous, finalement très logistique, industrielle.
Le collectif réunit une quarantaine d'ingénieurs, de chercheurs ; plutôt des gens du monde industriel. Après, autour de ce collectif de bénévoles, est venu graviter une quarantaine d'entreprises, avec en son cœur le CEA et Michelin.
Ce qui m'a fait rejoindre le collectif, c'est le fait qu'il y avait énormément de sens à apporter notre soutien aux soignants. Au delà de cela, il y a d'ailleurs une réflexion autour de l'économie au service de la société, et non l'inverse. Porter de nouveaux modèles économiques, vers la résilience des écosystèmes, le support à la société. Cela résonne aussi avec les problématiques sociales et climatiques auxquelles on fait face.
On est à une ‘bifurcation’, comme le dit Thomas Piketty (économiste mondialement reconnu, NDLR). Soit on retrouve le monde d’avant, pour redémarrer au plus vite. Et cela peut être une tendance. Ou alors, on fait l’inverse. Et nous, l’inversion de ce paradigme, on y croit beaucoup."
Le collectif prévoit la production de cinq millions de masques réutilisables d'ici à la fin du mois de juin.