Prendre soin de sa santé et s’occuper. Ce sont les deux enjeux du confinement actuel. Se protéger est également l’un des objectifs dans les banlieues. Abdelaali El Badaoui, président de l’association Banlieues Santé et infirmier à domicile nous explique les problématiques de ces territoires.
"C'est beaucoup plus compliqué dans ces territoires du fait de vivre dans trente à soixante mètres carrés à plusieurs. On pressent une certain tension de la part des personnes qu'on accompagne. Ils se sentent oubliés. Nous on leur dit sur les territoires que nous ne les oublions pas.
Notre objectif principal aujourd'hui c'est de confiner un maximum de personnes, et notamment des personnes fragilisées, des personnes âgées, en situation de maladie, de handicap. Ce qui se passe c'est qu'il y a beaucoup de personnes qui vivaient autour d'associations locales, pour les denrées alimentaires par exemple. Mais beaucoup d'associations ont fermé, c'est pourquoi on s'est dit que l'objectif c'était d'abord de préparer des colis alimentaires dans des conditions sanitaires strictes. En tant que professionnels de santé, la priorité pour nous c'est d'éviter de contaminer un maximum de personnes."
Malgré ces difficultés de nombreuses personnes des centres villes critiquent le soi-disant incivisme des banlieues allant parfois même jusqu’à l’utilisation du terme sauvage. Eric Mestrallet fondateur d’Espérance Banlieue, leur répond et aborde le rôle crucial de l’éducation.
"Ce que l'on ne connait pas, on a toujours des propos assez caricaturaux pour le définir. Moi je dis simplement de venir voir, de mouiller la chemise, de tendre la main et d'essayer de proposer ensemble des solutions, plutôt que de les dénigrer. C'est important d'avoir la délicatesse qui va bien, pour aider ces territoires à ce qu'ils puissent faire face dignement et avec sagesse, par rapport à la situation dramatique que nous rencontrons au niveau de la communauté européenne.
Ça met en évidence, cette période de confinement, une dimension absolument cruciale, c'est que la concorde civile n'est possible que quand il y a des relations apaisées. L'école le permet, c'est un des lieux forts où ça peut s'exercer. A partir du moment où pour les plus jeunes ce lieu n'existe pas ou n'a plus de fonction, ils sont en souffrance. Cette souffrance rejaillit sur leurs familles. L'enjeu est de pouvoir toujours, donner les modalités aux parents, d'accompagner leurs enfants, et aider au maximum les enfants indirectement."
Selon Eric Mestrallet, à l’heure de cette crise sanitaire des acteurs de toutes l’Europe continuent de se mobiliser pour soutenir et venir en aide aux habitants de ces banlieues.