Giuseppe Sconosciuto, journaliste italien de l'académie Euradio nous parle de l’ouvrage que l'écrivain italien Antonio Scurati consacre à Mussolini, un livre traduit et publié en France aux éditions les Arènes, et dont le deuxième tome vient de sortir.
Il s’agit d’un roman historique qui commence en 1919. Dans le premier volume qui s’appelle l’Enfant du Siècle, Antonio Scurati évoque le caractère de Mussolini et les circonstances qui ont lentement créé le personnage fier, charismatique et dominant que nous connaissons aujourd'hui.
L’intelligence du livre réside dans son récit à la fois historiquement très détaillé, mais aussi fictif, afin de construire une histoire fluide qui nous plonge dans l'Italie de l'époque, à travers les chapitres centrés sur les personnages qui ont façonné le pays. Comme l'auteur l'admet, je cite “Les événements et les personnages de ce roman documentaire ne sont pas le fruit de mon imagination. Au contraire, ils sont tous historiquement documentés”.
Mais alors ce livre explique le fascisme, un phénomène italien, aux italiens...
Non, en fait ce bouquin convient également aux non-italiens : j’ai adoré cette idée de l'auteur de mettre en évidence certaines caractéristiques du fascisme présentes dans les partis populistes et d'extrême droite d’aujourd’hui. Dire, je cite “les fascistes sont un antiparti! Ils font de l’antipolitique” ou “Il n’y a plus de gauche ni de droite” sont des phrases présentes dans le livre qu’on entend souvent de nos jours.
Vu la façon dont tu en parles, il semble qu'on est à deux doigts du retour du fascisme...
Pas exactement. On peut voir des différences énormes entre le passé et le présent: on peut pas oublier l'extrême pauvreté de l'époque, la violence des fascistes et des socialistes qui se sont engagés dans une guerre civile qui a laissé sur le terrain des milliers de morts. Aujourd’hui nous vivons dans un contexte bien plus connecté qu’entre les deux guerres mondiales, avec des institutions plus fortes et avec une longue histoire démocratique comme continent, spécialement dans sa partie occidentale.
Ce qui me préoccupe un peu c’est l’Enseignement dans les écoles: il devient de plus en plus difficile d’avoir un enseignement neutre dans un pays qui se brise en deux à l’occasion de l’Anniversaire de la Libération du 25 avril par exemple.
Mais qu’est-ce qu’on peut dire du personnage de Mussolini?
Scurati a été capable de bien montrer les défauts du futur dictateur comme la misogynie, et ses atouts, comme la patience et la capacité, je cite “de rester léger afin de s’autoriser toutes sortes de virages, associations, manoeuvres, cabrioles, éclats”.
En fait, quand Mussolini a perdu patience il a fini par se leurrer des succès d’Hitler, entrer en guerre dans un état lamentable et perdre le soutien du pays, le conflit et enfin, sa vie. Mais ça c’est une histoire à raconter dans les prochains livres.
"Il doit, donc, rester léger afin de s’autoriser toutes sortes de virages, associations, manoeuvres, cabrioles, éclats"