Comment rendre nos villes plus favorables à la santé mentale ?

 Comment rendre nos villes plus favorables à la santé mentale ?

Un Européen sur quatre est touché par des troubles psychiques au cours de sa vie, selon l'OMS. En France, la santé mentale est la deuxième cause d'arrêt de travail et la première cause d'invalidité et d'arrêt de longue durée.

En Europe, dont 75% de la population est urbaine, la question de la santé mentale dans les villes est progressivement portée à l'agenda.

En effet, des études et l'expérience montrent qu'urbanisme, aménagement du territoire et santé mentale sont intimement liés.

Pour nourrir et approfondir le débat sur le sujet, la ville de Nantes a organisé les 1 et 2 décembre derniers un colloque international "villes et santé mentale". Des experts dont des psychiatres, des architectes ou encore des urbanistes ont été conviés pour prendre part aux discussions. 

Euradio, présente lors de l'événement, a recueilli quelques-unes des grandes idées développées pendant ce colloque.


S'adapter à chaque situation pour concilier urbanisme et santé mentale - Simon Davies

"Il ne suffit pas d'une pincée d'espaces vert, un soupçon d'agrès sportifs pour arriver à des résultats". Pour Simon Davies, directeur du cabinet d'expertise environnementale AIA environnement, La ville favorable à la santé mentale n'obéit à aucune recette. Ses maîtres-mots : subtilité, nuance, humilité et surtout adaptation : "il n'y a pas de solutions d'urbanisme copié-collées, mais plutôt un processus de projet, qui permet en amont d'entendre les populations, de les comprendre et de les associer à la démarche".

Intégrer les habitants à la réflexion autour des plans d'urbanisme qui les touchent est une première idée pour parvenir à des villes plus propices à leur bien-être. Mais il convient aussi d'associer d'autres acteurs dans ce type de projet, comme les professionnels de santé. "On essaie le plus possible d'associer à nos travaux un professionnel de santé" explique Simon Davies.

L'art au service de la santé mentale dans les villes - Laurent Chambaud

Les effets de l'art sur la santé mentale sont reconnus par les scientifiques. Dans une synthèse, l'OMS a rassemblé près de 3000 publications plaidant en ce sens. Laurent Chambaud, médecin de santé publique et membre du comité consultatif national d'éthique confirme : "Il existe des liens forts entre art et santé. L'art est un élément protecteur et promoteur de la santé, en particulier de la santé mentale".

La sécurité sociale pourra-t-elle un jour rembourser, pour raison médicale, une visite au musée ? Si la prescription muséale a déjà été expérimentée ailleurs dans le monde comme à Montréal, La question reste ouverte en Europe.

Construire des villes plus ouvertes et décloisonnées - Paola Vigano

La porosité des espaces : voilà la clé pour des villes plus vertueuses en matière de santé mentale selon Paola Vigano. Professeure d'architecture à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, elle soutient l'idée selon laquelle les villes de demain devraient être décloisonnées : "Il faut créer des villes dans lesquelles tout le monde peut passer d'un espace à l'autre, qui ne soient pas enclavées, fermées aux autres. On sait que la ville contemporaine est marquée par ces situations d'enclavement. Pouvoir traverser, c'est quelque-chose qui nous change".

A l'issue du colloque, un appel a été lancé pour exhorter les villes à investir la santé mentale, notamment à travers les politiques publiques relatives à l'urbanisme et à l'architecture. 26 villes françaises et internationales telles que Rennes, Barcelone ou Ouagadougou l'ont signé.