Aurélien Frances est journaliste à euradio, où il est le réalisateur du programme Europ'Cast. Il produit aussi des documentaires audios, diffusés dans de multiples radios, sur une vaste gamme de sujets. Nous l'avons interviewé, pour découvrir tous les secrets de sa production.
- Ce qui suit n'est qu'un concentré de l'interview réalisée avec Aurélien Frances
On dit en anglais qu'il n'y a pas de personnes ennuyeuses, seulement de mauvaises questions. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce propos ?
« Je suis absolument d'accord avec ça. Je considère que tout le monde peut être intéressant à partir du moment où l'on s'intéresse à elle ou lui. »
Vos documentaires sont souvent focalisés sur des personnages exceptionnels, soit qui ont vécu des choses très difficiles, ou qui vivent un peu en dehors de la société dominante. Est-ce que c’est difficile de convaincre quelqu’un de faire une interview ? Je pense particulièrement au documentaire que vous avez réalisé « Un homme maltraité ».
« C'est un sujet qui était très délicat. J'ai passé beaucoup de temps au téléphone avec cette personne pour la mettre en confiance, pour la rassurer, que ça n'était pas du voyeurisme, que l'intérêt c'était vraiment de transmettre un message et un témoignage pour que ça puisse servir à d'autres hommes qui sont victimes de violence.
Il y avait aussi beaucoup de précautions à prendre, parce qu'il ne faut pas oublier que la plupart des violences conjugales sont faites sur des femmes. Mais ce n'est pas parce que les hommes sont la minorité, qu'il ne faut pas en parler. Je considère qu'une souffrance ne se substitue pas à une autre. »
Est-ce que vous pensez que la radio peut offrir quelque chose de très différent par rapport aux autres médias ?
« Bien sûr, le son a quelque chose de très intime. Contrairement à l'image, ce n'est pas imposé, c'est proposé. Si on fait entendre un son à mille auditeurs, je pense que chacun va imaginer une image différente de ce son là. »
Vous avez réalisé un documentaire qui s’appelle " Le chasseur de silence », où l'on n'entend presque aucune trace de votre propre voix. Quel est pour vous l'intérêt de réaliser cette histoire, sans narrateur externe, pour guider l’auditeur ?
« J'aime bien l'idée que l'intervenant parle directement à l'auditeur. On rajoute souvent des voix pour faire des liens entre différentes séquences, et parfois c'est assez inutile. Parfois ça va être des ambiances ou des respirations sonores qui font le lien. L' idée du reportage, c'est d'être sur le terrain et le commentaire parfois fait décrocher l'auditeur. »
Pouvez-vous nous parler d’un entretien qui vous a marqué ?
« Il y en a plein, mais celui qui m'aura le plus marqué, ce n'est pas un humain. C'est un gorille.
Je faisais un tournage dans un zoo et j'avais devant moi un gorille à dos argenté, un gorille très rare et menacé.
Et, en lui donnant des croquettes, je lui ai touché la main. Ça m'a vraiment ému, parce que je me suis dit que peut-être, dans 30 ans, son espèce aura disparu. »
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