Alors que le déconfinement est amorcé un peu partout en Europe, la situation reste complexe. Nous avons contacté Timon, un étudiant allemand inscrit dans un master franco-allemand. Il nous raconte comment s'est passé son retour en catastrophe au pays, après l'annonce du confinement, il y a maintenant près de deux mois.
"C'était une situation très étrange, en quelque sorte, dans ce train de Paris-Est à Francfort, parce que les gens étaient très tendus. Et puis on ne savait pas exactement comment cela se passerait à la frontière, dans quelle mesure la frontière ne serait qu'un simple contrôle sanitaire ou quelque chose de ce genre. Par exemple, lorsqu’on l’a franchi à Sarrebruck, certaines personnes, qui étaient également assises dans le compartiment avec nous, ont été emmenées par des douaniers allemands, parce qu'elles n'avaient pas la nationalité allemande, mais la nationalité autrichienne. C'est pourquoi elles n'ont pas été autorisées à passer par l'Allemagne pour retourner en Autriche. Au lieu de cela, elles ont été ramenées en France. Et elles ont dû quitter le train en conséquence. C'était une situation assez déroutante, quand on est habitué à l'espace ouvert de Schengen. Et personnellement, ayant toujours fait la navette entre l'Allemagne et la France, et voyagé et vécu dans les deux pays, je trouve qu'il est assez insupportable, à long terme, d'avoir une frontière rigide. Et ces restrictions à la liberté de circulation ne doivent pas être maintenues plus longtemps qu'il n'est absolument nécessaire."
Il revient aussi sur la période relative de confinement, connue en Allemagne, et sur le déconfinement : "En ce qui concerne les réactions des personnes autour de moi à la quarantaine, je dirais que la majorité des gens étaient en fait très compréhensifs vis-à-vis les mesures et s'y tiennent toujours. Néanmoins, on constate un certain sentiment d’insécurité. Il est en quelque sorte très étrange pour les personnes dans leurs réunions ou autres relations sociales de ne pas avoir cette possibilité, par exemple, de voir le visage de l'autre personne à travers le masque ou de la rencontrer physiquement, même si elles y sont autorisées. Car les rendez-vous se déroulent très souvent à l'extérieur et la distance n’est souvent pas appropriée à ce moment-là, mettant l’ami ou le collègue en danger. Mais vous pouvez également remarquer que cela a été particulièrement le cas dans les premières semaines et que plus tard, une nouvelle normalité s'est établie. Cette 'nouvelle normalité' est un terme que le ministre des Finances Olaf Scholz a introduit. Et elle est adoptée par un grand nombre de médias et de personnes."