En ce début d’année, l’Agence Erasmus+ France a présenté le nouveau programme Erasmus 2021-2027 approuvé au sein de la Commission Culture et éducation.
Bonjour Laurence Farreng, vous êtes eurodéputée, membre de cette Commission pour le groupe Renew Europe. Quel a été le parcours de ce programme?
Alors, Erasmus + 2021-2027, il y a eu un lancement au sein de l’Agence Erasmus+ France le 14 Janvier. On a fini les négociations en Décembre et il a été voté en Commission Culture et Éducation (CULT) du Parlement Européen et la prochaine étape sera le vote en plénière début février.
Erasmus représente le symbole d’une Europe unie et j’aurais envisagé une opposition des groupes conservateurs. Comment a-t-il été possible de remporter le vote à l’unanimité?
Tous les mouvements ont voté pour, même les moins européens. Il faut dire que le vote d’un député n’est pas forcément significatif de son groupe, on verra en tout cas lors du vote en plénière. On sait que quand on est opposé à l’idée européenne on est contre ce programme, parce que c’est le plus emblématique et Boris Johnson nous l’a démontré en sortant de ce programme.
Quel a été l’impact du Brexit sur la participation à Erasmus?
Comme vous le savez, les négociations Brexit sont intervenues il y a très peu de temps. Jusqu’au dernier moment on a espéré que le Royaume Uni choisirait de rester dans Erasmus, même si Johnson avait donné des signes plutôt négatifs, en regrettant par exemple un projet de loi déposé en Chambre des Lords. Tout ça est regrettable, mais Erasmus ne s'arrête pas.
Quelle sera la relation entre les universités britanniques et européennes ? Il faut voir ce qu’il imagine comme programme propre. Il y a aussi des programmes Horizon Europe qui sont tournés vers la recherche et l’innovation, qui pourront peut-être créer et avoir un système de bourse, mais pas comme Erasmus.
L’Irlande du Nord et l’Ecosse ont fait savoir qu’elles souhaitaient rester dans le programme.
Les fonds ont énormément augmenté, non?
Le budget était au centre du débat et on est très contents parce que le budget est à 24,5 milliards d'euros à prix courants (plus 1,7 milliard d'euros à prix 2018), c’est plus de 80% par rapport à la précédente période. Ça montre toute l’ambition des 27 pays européens sur le sujet. Tout ça va être tourné vers des nouvelles initiatives.
Est-ce que ce nouveau programme Erasmus concerne seulement les étudiants?
Erasmus+ était déjà beaucoup plus que les étudiants, mais grâce à ce programme, ça va être largement plus que ça, puisque les élèves de primaire, enseignants des maternelles, les collégiens, les apprentis vont faire des mobilités plus longues et il y a aussi les encadrants des stages sportifs. Donc la démocratisation au sein d’Erasmus s’ouvre de plus en plus.
À propos des défis du futur, dans les nouveautés et enjeux d’Erasmus + 2021-2027 il y a l’inclusion, le numérique, et la transition écologique. Comment intégrer ces principes concrètement?
Il y avait un paradoxe: c'est-à-dire que Erasmus +, qui concerne directement les jeunes qui se sont investis dans la défense du climat, n'intégrait pas cette dimension. Donc, j’ai travaillé pour intégrer ces propositions, notamment l'intégration d’indicateur vert pour juger les projets, et puis les bourses Erasmus+ vont permettre de prendre en charge les mobilités les plus respectueuses de l’environnement (qui sont souvent plus chères): par exemple si on prend le train au lieu d’un avion low-cost.
Au centre du débat du 14 janvier il y avait aussi la plateforme eTwinning et l'initiative DiscoverEU. Quelles sont les nouveautés?
Il y a deux choses en effet: eTwinning est une plateforme déja existante de mise en relation des enseignants et de partage des projets pédagogiques qui a mené un rôle déterminant pendant le confinement.
Puis, il y a trois initiatives qui vont intégrer la nouvelle programmation Erasmus+, qui sont d’une part les Alliances d'universités européennes, réunies autour de thématiques communes qui permettent aux étudiants de partager et d’aller vers un vrai diplôme européen. Deuxième point, il y a les Centres d’Excellence pour l’Apprentissage et la Formation Professionnelle, tournés vers l'émergence de nouveaux métiers à l'échelle européenne. Troisième point, DiscoverEU, qui permet aux jeunes de 18 ans de bénéficier de billets gratuits pour découvrir l’Europe.
Comment contourner le problème du virus et les obstacles qu'il implique?
On peut pas tout contourner mais tout ce qui a été construit pendant cette dernière année va servir, comme les premières mobilités hybrides qui ont démarré. Et par exemple l’Alliance des Universités Européennes que j’ai mentionnée faisait déjà de l’enseignement à distance entre universités.
Donc Erasmus+ offre aussi cette situation de mise en réseau qui est une manière de contourner l’obstacle.