Aujourd’hui, nous avons décidé de vous parler de la situation des îles grecques et des milliers de migrants qui s’y trouvent en ces temps de crise sanitaire. Pour nous éclairer sur ce sujet, nous recevons Marina Rafenberg correspondante en Grèce pour le journal Le Monde.
Vous qui êtes présente sur place, pouvez-vous d’abord nous rappeler quels sont les territoires grecs en tension et les difficultés nouvelles que rencontrent ces personnes ?
“La situation la plus dramatique est actuellement dans les îles grecques face à la Turquie, comme Lesbos ou Samos. Dans ces îles il y a environ 36.000 demandeurs d'asile dans des camps qui ne sont conçus que pour en accueillir 6.000. De plus les conditions d'hygiènes sont mauvaises. Il y a peu d'accès à l'eau, peu d'accès aux toilettes. Donc évidemment dans ces conditions les gestes barrières contre l'épidémie ne peuvent pas être mis en place dans ces camps. Ils n'ont pas non plus d'accès à la médecine, même si récemment le Ministère de l'immigration grec a décidé de mettre quelques cliniques en place. Tout simplement pour vérifier que les migrants se portent bien, qu'ils n'ont pas de symptômes liés au coronavirus."
Comment réagissent et travaillent les ONG et les personnes qui leur apportent une aide?
“Les ONG dénoncent déjà depuis plusieurs années les conditions dramatiques dans lesquelles se trouvent les demandeurs d’asile. Mais là en plus avec l’épidémie ils demandent à ce que les migrants soient emmenés dans des lieux sécurisés, et le gouvernement grec a décidé de restreindre l’accès aux camps. Donc les bénévoles et les ONG ne peuvent pas avoir accès aux camps. Ces personnes se trouvent encore plus isolées.”
Comment réagit l’Union Européenne face à cette situation ?
“L’Union Européenne s’inquiète de cette situation. Elle demande au gouvernement grec de désengorger ces îles. Mais le gouvernement grec se sent un peu abandonné. Début mars la commissaire Ylva Johansson a promis de relocaliser 1 600 mineurs non-accompagnés vers d’autres pays européens. Huit membres se sont proposés dont la France, l’Allemagne, le Portugal, le Luxembourg. C’est un geste de solidarité, mais face à la situation de ces îles c’est une petite aide.”
Les migrants, comment se sentent-ils ? Comment vont-ils ? Et quel est leur ressenti par rapport à la situation actuelle ?
“Les migrants sont inquiets. Il savent que cette pandémie touche l’Europe. Une initiative à Lesbos, où des migrants ont fabriqué eux-mêmes des masques avec l’idée de dire, nous allons essayer de nous protéger par nous-même. En plus les procédures d’asiles ont été gelées dans cette période. Donc ils vont devoir rester encore plus longtemps dans ces camps. C’est très compliqué pour eux.”