L'Italie à l'épreuve du télétravail

 L'Italie à l'épreuve du télétravail

Conséquence de la crise sanitaire, la quasi-généralisation du télétravail. En Italie, les entreprises n'étaient pas du tout préparées, tant au niveau technique, qu'au niveau culturel. Explications.

La plus grande expérience que l’Italie ait vécu en matière de télétravail”, phrase tirée du célèbre quotidien Il Corriere della Sera et qui résume parfaitement la révolution qu’est en train de vivre le pays. Depuis plus de quinze jours en effet, bon nombre d’Italiens travaillent depuis leur domicile, pour respecter les règles de confinement. 

Avant la crise épidémique du coronavirus, 570 000 personnes faisaient du télétravail, soit seulement 2% des employés italiens, contre 20% au Royaume-Uni, 16% en France et 8% en Allemagne. Un chiffre qui a presque doublé en quinze jours : près de 555 000 nouveaux télétravailleurs selon le ministère du travail en Italie. 

Une hausse considérable à laquelle les Italiens n’étaient pas préparés, notamment au niveau technique. Les opérateurs téléphonique enregistrent une augmentation du nombre de communications de 20% et le réseau internet est mis à rude épreuve. 

Sans compter, ceux qui n’ont pas accès à une connexion suffisante, et ceux qui n’ont pas accès à Internet du tout. En Italie, seulement 24% de la population a accès au haut-débit. C’est clairement en-dessous de la moyenne des pays de l’UE qui se situe à 60% de la population. 

Difficulté supplémentaire à la mise en place du télétravail en Italie, la réticence des patrons, qui ont pour habitude de garder un œil sur leurs employés, chose pas forcément possible lorsque ces derniers travaillent à la maison.  

C’est ce que nous explique Anna Saccoccio, journaliste sur place. 

“Pour beaucoup d’entreprises ça a été vraiment un défi de commencer à travailler en télétravail. C’est un peu un fait culturel chez nous. Comme si on voulait contrôler ses employés, aussi parce qu’en Italie, il y a surtout des petites et moyennes entreprises. Ce sont des entreprises, disons, familiales, et donc, si un employé ne fait pas son travail, il n’y a personne pour le remplacer. Il n’y a déjà pas beaucoup d’employés dans les entreprises donc c’est important que tout le monde fasse sont travail pour après pouvoir respecter les commandes et tout ça… donc peut-être que ça vient de là.”

On estime à environ 8 millions le nombre d’Italiens susceptibles de pouvoir faire du télétravail à plein temps. Mais les freins techniques et culturels rendent cette alternative difficilement applicable. 

La crise du Covid-19 changera donc peut-être la donne dans la façon d’envisager l’organisation du travail au sein des entreprises italiennes.