Covid-19 : à Mayotte, on se prépare dans la crainte

 Covid-19 : à Mayotte, on se prépare dans la crainte

Pauvreté, insalubrité, promiscuité... A Mayotte, de nombreuses problématiques font obstacle au respect des gestes barrière et des mesures de confinement.

On parle beaucoup de la crise sanitaire en métropole, mais qu’en est-il outre-mer ? A Mayotte, la situation est plutôt inquiétante, car les mesures barrière sont très difficiles à appliquer. Dans certains bidonvilles, les habitants n’ont pas accès à l’eau courante, et le confinement est insupportable puisque la vie se fait habituellement dehors. Comme nous l’explique sur place Carlos Alamancos, professeur d’Arabe et d’Espagnol.  

Les moyens déployés ne sont pas suffisants si jamais il y a une grande crise. Il n’y a que 16 lits de réanimation pour toute l’île. Si jamais il y a vraiment une propagation du virus qui s’étale un peu partout dans l’île ça va être très compliqué de sauver des vies je pense. 

Après  je pense aussi qu’il y a un autre problème lié à l’insalubrité. Le confinement c’est efficace quand on peut avoir de l’eau courante chez nous, dans des habitations où la température moyenne est agréable, mais si on habite dans des maisons en tôle comme ça se fait beaucoup ici, c’est très difficile de respecter le confinement. 

Et puis il y a aussi une partie de la population qui n’a pas conscience de l’importance du confinement et des mesures. Moi j’habite dans un petit village et c’est vrai qu’il n’y a pratiquement aucun contrôle, ni de la police, ni de la gendarmerie. 

Après à Mayotte, je pense que le point positif c’est que la population est très jeune donc la partie de la population qui peut être atteinte de complications est moindre mais il y a quand même beaucoup de personnes avec diabète, obésité etc…

Si le virus circule déjà, Mayotte n’est pas encore en phase épidémique. Autre élément à souligner au niveau démographique : plus de 95% de la population est âgée de moins de 60 ans ce qui limite de fait le nombre de personnes à risque. 

Mais il faut rester vigilant : en temps normal, le centre hospitalier est saturé tous les jours et en ce moment le département est aussi confronté à deux autres épidémies, à savoir la grippe et la dengue.