Les 1001 héroïnes

Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin - Les conquérantes #12

Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin - Les conquérantes #12

Bonjour et bienvenue dans cet épisode de 1001 héroïnes, une chronique qui vous fait découvrir chaque semaine des héroïnes européennes de livres ou de films ! 

En France, les femmes ont acquis le droit de vote en 1944 et ont pu voter pour la première fois pour les élections municipales du 29 avril 1945. Ce n’est pas il y a si longtemps… En Europe, il y a eu des précurseurs, comme la Finlande, troisième pays au monde à accorder ce droit. Et puis il y a aussi eu des retardataires, comme la Suisse… qui l’accorde seulement en 1971 ! 

Aujourd’hui, je veux justement vous parler d’un film qui parle du droit de vote des femmes en Suisse et de la bataille des militantes féministes pour l’obtenir. Ce film s’appelle Les Conquérantes. Il est sorti en 2017 et a été réalisé par Petra Biondina Volpe. Il a reçu plusieurs prix au festival de Tribeca et mérite vraiment d’être connu davantage ! 

L’histoire se passe en 1971. Nous sommes loin, très loin de mai 68 ou d’autres révolutions partout dans le monde… Nous sommes également loin des grandes villes suisses où ont lieu les manifestations des suffragistes, alors qu’est prévu prochainement un référendum sur le droit de vote des femmes. Nous sommes dans un tout petit village, à Appenzell. Ce village, il est comme figé dans le temps… et figé dans les traditions patriarcales. Ici, les hommes travaillent tandis que les mères s’occupent du foyer et de satisfaire leur mari. Les mères comme Nora, par exemple. Elle est mariée à Hans, qui travaille comme ouvrier dans un atelier de menuiserie, et elle a deux fils… qui n’ont jamais fait la vaisselle de leur vie. C’est son rôle à elle, après tout ! Quand les débats sur le droit de vote des femmes arrivent jusqu’au village, Nora le dit : « Je n’ai pas besoin d’être libérée ». C’est aussi ce que pensent la plupart des hommes du village, et de nombreuses femmes aussi, notamment la patronne de l’atelier de menuiserie, qui s’y oppose car ce serait contraire à l’ordre divin… 

J’imagine que ces femmes finissent par changer d’avis ? 

Eh oui, effectivement ! Nora rencontre par hasard une militante qui la fait réfléchir… Encouragée par deux amies, elle lance une bataille pour l’égalité, emmenant avec elles d’autres femmes d’Appenzell ! Elles se réunissent au café du village géré par Gabriela. Là, leur parole se libère, elles évoquent le droit de vote mais aussi et surtout leur quotidien de femmes, les contraintes, les interdits, les violences… Les voilà même qui décrètent une grève générale !

J’ai adoré Les Conquérantes, je l’ai trouvé absolument jubilatoire ! D’autres films parlent du droit de vote des femmes, notamment au Royaume-Uni, comme Les Suffragettes. Mais j’ai préféré celui-ci, avec ce gros plan sur un village loin des grands discours de militantes aguerries. C’est aussi un film qui raconte l’apprentissage du militantisme et de l’action collective, et en autodidacte en plus ! 

Et puis la réalisatrice parvient à embrasser un ton plein d’humour, loin du ton dramatique du  film Les Suffragettes justement. Les personnages sont hauts en couleurs, les répliques sont savoureuses, et le ton est résolument féministe ! Bref, Les Conquérantes rend hommage (ou plutôt femmage !) aux militantes qui ont lutté pour l’égalité entre les femmes et les hommes et pour davantage d’autonomie, et le fait avec beaucoup de tendresse. Et le film rappelle aussi que les droits des femmes n’ont jamais été donnés sans batailler ! 

Pour découvrir d’autres héroïnes inspirantes de films, de séries, de BD, de romanS? rendez-vous sur le site 1001heroines.fr

A la semaine prochaine !