Les 1001 héroïnes

Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin - A la vie #3

Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin - A la vie #3

Bonjour et bienvenue dans cet épisode de 1001 héroïnes, une chronique qui vous fait découvrir chaque semaine des héroïnes européennes de livres ou de films ! 

Je m’appelle Eléonore, je suis militante féministe et j’ai cofondé le site 1001 héroïnes.fr. Pourquoi ? Parce que, souvent, je ne me sentais pas représentée au cinéma et dans la littérature. Parce que les super-héros qui sauvent le monde, on en voit plein à la télé, au cinéma, dans les séries. Moi, j’avais envie de voir davantage d’héroïnes, des super-héroïnes comme Wonder Woman ou Mrs Marvel, oui, mais aussi des héroïnes plus proches de moi, de ma réalité, de mon quotidien de femme. Pourtant, en fouillant, on les trouve, ces héroïnes. On parle d’elles sur notre site et dans cette chronique. Et je vais justement vous en présenter une aujourd’hui, et vous donner j’espère envie d’aller la rencontrer dans votre cinéma de quartier. 

Cette héroïne du jour, elle s’appelle Chantal Birman. Elle est née en 1949 à Paris, et elle a exercé le métier de sage-femme pendant près de 50 ans. Pendant ses études, en 1967, elle a découvert les conséquences des avortements clandestins. Dès lors, elle s’engage. D’abord, dans le le MLAC, le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception. Elle y réalise des avortements clandestins et milite activement pour l’adoption de la loi Veil. Après des années passées à la Maternité des Lilas, en région parisienne, elle a ensuite terminé sa carrière en libéral, jusqu’à sa retraite en 2020, à 70 ans. 

Et c’est justement cette fin de carrière, auprès des femmes de retour chez elles après leur accouchement, qui nous est offerte dans le formidable film documentaire A la vie. Réalisé par Aude Pépin, il sort enfin au cinéma le 20 octobre, après de longs mois de report en raison de la pandémie de COVID-19. 

Aude Pépin filme, avec une grande sensibilité, cette héroïne dans son quotidien. Elle la suit sur la route, dans les cages d’escalier des tours de Seine-Saint-Denis. Elle la suit jusque chez les jeunes mamans, filmant ce moment dont on parle si peu, ce moment si tabou du post-partum. Chantal Birman accompagne les femmes dans ce moment si particulier, plein de vulnérabilité, elle leur prend la main, et c’est si incroyablement touchant. On pleure, on rit, on vibre… 

Si les émotions sont là, c’est aussi parce que la réalisatrice porte un regard résolument féministe sur son héroïne et sur les femmes qu’elle examine. Un regard à l’opposé du “male gaze”, ce point de vue objectifiant et fantasmé sur les femmes, que de nombreux médias nous imposent trop souvent. Aude Pépin a elle-même vécu une période difficile après la naissance de sa fille. Savoir dans ses tripes ce que les femmes vivent à ce moment de leur vie permet à la réalisatrice de mieux nous le faire ressentir. Ce regard féministe, elle le convoque aussi dans ses choix de cadrage. Ainsi, elle raconte qu'elle a décidé “de ne pas détourner la caméra de cet intime, qu’on ne montre jamais”. Qu’elle a “décidé de filmer les tétons (censurés systématiquement par les réseaux sociaux), les agrafes, les cicatrices, les couches, tout ce que l’on cachait depuis des décennies et qui participe à nourrir le tabou plus encore.” Elle explique que son “militantisme a pris corps dans ce geste de cinéma.” Une héroïne, elle aussi ! 

Je n’ai pas d’enfant, mais c’est sûr que si j’avais besoin d’être accompagnée après une grossesse, j’adorerais avoir une Chantal Birman à mes côtés. Pour découvrir à votre tour A la vie, ce magnifique portrait militant d’une héroïne contemporaine, rendez-vous donc au cinéma dès le 20 octobre ! 

Et puis pour découvrir d’autres d’autres héroïnes inspirantes de films documentaires, de romans, de BD, de séries ou de films, on vous donne rendez-vous sur le site 1001heroines.fr.

A la semaine prochaine !