Les 1001 héroïnes

We want sex equality - Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin #20

We want sex equality - Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin #20

Bonjour et bienvenue dans cet épisode de 1001 héroïnes, une chronique qui vous fait découvrir chaque semaine des héroïnes européennes de livres ou de films ! 

Aujourd’hui c’est le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes ! Pour cette raison, mais aussi pour vous proposer une alternative aux actualités par vraiment rassurantes de ces dernières semaines, je voulais vous parler d’un film coloré, positif, joyeux… bref, un film qui fait du bien !

Un film qui fait du bien, c’est en effet exactement ce dont on a besoin en ce moment… 

Alors je ne vous fait pas attendre plus longtemps : ce film c’est We want sex equality (ou Made in Dagenham de son titre original). C’est un long métrage du réalisateur britannique Nigel Cole, sorti il y a déjà 12 ans, en 2010. Le pitch de départ ? Nous sommes au printemps 1968, dans la banlieue de Londres, dans l’usine Ford de la ville de Dagenham. Dans cette usine, il y a 55 000 ouvriers et 187 ouvrières. Ces ouvrières sont machinistes couturières et leur boulot est d’assembler les housses des sièges de voitures. Mais pour ça, elles sont payées 15% de moins que leurs homologues masculins… Et quand la direction leur refuse une augmentation de salaire pourtant promise depuis longtemps, elles décident de faire grève. Parmi ces femmes, il y a Rita O’Grady, qui se retrouve un peu par hasard leader des grévistes… 

C’est un film inspiré d’une histoire vraie, n’est-ce pas ? 

Oui exactement ! Cette grève à Dagenham, pour revendiquer une rémunération égale entre hommes et femmes, a réellement existé. Et elle a réussi : après trois semaines de blocage, les grévistes ont obtenu une rémunération inférieure à 8% du salaire d'un homme… et enfin un salaire égal en 1970, un an après. Et puis surtout, cette grève a directement mené au vote de l'Equal Pay Act en 1970. Il s'agissait alors de la première loi visant à mettre fin aux écarts de salaire au Royaume-Uni. 

Mais revenons au film : ce qui est intéressant aussi, c’est ce qui est montré, au-delà de la grève en elle-même : on nous montre le quotidien de ces femmes, quand elles rentrent chez elles le soir après avoir tenu le piquet de grève. Le film s'intéresse notamment aux relations avec leurs maris, qui ne comprennent pas forcément leurs motivations (c’est le moins qu’on puisse dire). Elles doivent donc lutter à la fois contre leur direction, mais aussi contre leurs maris qui ne les soutiennent pas et font même pression sur certaines pour arrêter la grève… car celle-ci conduit à l’arrêt complet de la chaîne de production de l’usine. Et puis elles doivent aussi lutter contre.. les syndicats ! Car ceux-ci ne sont pas forcément soutenant à 100% de la lutte des femmes… voire leur demandent carrément de laisser parler les hommes à leur place. 

J’imagine qu’elles ne se laissent pas faire !

En effet ! Et même au-delà, elles restent soudées et solidaires dans la lutte ! Elles sont en colère (et à raison !), mais le film offre aussi de grands moments de sororité, de partage, de joie dans leur militantisme. C’est drôle aussi, parfois, comme quand une banderole “we want sex equality” n’est pas déroulée entièrement… faisant seulement apparaître “we want sex” aux yeux de Londres ! Une image qui est restée un symbole, car cette erreur de dépliage de banderole a réellement eu lieu !

Pour moi, We want sex equality est un film important pour des questions de “matrimoine”, parce qu’il met en lumière le combat de ces femmes. Si on connait plutôt bien le combat des suffragistes au Royaume-Uni et en France, on représente beaucoup moins au cinéma le combat des femmes pour l’égalité salariale. 

Bref, ce n’est peut-être pas un grand film, les ressorts de l’intrigue sont peut-être parfois un peu faciles, mais encore une fois : il fait vraiment du bien ! Il est plein de couleurs, plein de bonne humeur, plein de tendresse, avec des héroïnes attachantes ! Je l’ai vu et revu, et vous en parler me donne envie de le revoir encore une fois ! 
Et pour découvrir d’autres œuvres avec des héroïnes qui se battent pour leurs droits, rendez-vous sur le site 1001heroines.fr : 750 œuvres y sont référencées ! Bonnes découvertes et à la semaine prochaine !