Une chronique de Christine Le Brun, Leader Smart Cities & Places chez Onepoint, où nous parlerons de villes, d’outils et de technologies numériques, de données, mais aussi des citoyens et de ceux qui font les villes.
Le concept de ville intelligente date des années 2010 en gros. En Europe les villes les plus en pointe sont Amsterdam, Barcelone, Helsinki ou encore Reykjavik.
Et en France ?
En France on peut citer Dijon et Angers qui ont pas mal fait parler d’elles ces dernières années.
Et que se cache-t-il donc derrière ce terme un peu énigmatique… ?
Les villes intelligentes sont très liées à la transformation numérique de l’ensemble de notre société. Le fait que nous ayons tous Internet et plein d‘applis plus ou moins intéressantes dans nos téléphones a ouvert un champ des possibles énorme. Cela touche les citoyens mais aussi toutes les strates de l’organisation d’une ville, depuis les agents de la mairie jusqu’à la manière dont on opère les infrastructures comme l’éclairage ou les transports.
Qu’est ce qui le rend possible ?
En fait, c’est tout un ensemble de nouvelles technologies, certaines plus très nouvelles d’ailleurs, mais en gros on peut citer : les capteurs, les réseaux (fibre, wifi, Lora, 5G), les logiciels, les applis mobiles, le big data. Les capteurs permettent d’observer et d’obtenir des informations, notamment en temps réel. Les réseaux transportent cette information. Le big data et toutes les techniques de traitement de données permettent de les travailler et d’en faire qqchose d’utile, qui est restitué grâce à des logiciels ou des applications diverses et variées.
Et à quoi ça sert ?
C’est une très bonne question ! La première chose est que cela permet d’observer, de mesurer, et donc de comprendre ce qui se passe, d’avoir une idée de la manière dont la ville vit et fonctionne. Et là encore, vous allez me dire : à quoi ça sert ?
En effet…
Et bien, actuellement, 50% de la population mondiale vit dans les villes. En 2050, ce pourcentage passera à 70%. Et si les villes occupent seulement 2% de la surface terrestre, elle produisent par contre 80% des émissions de gaz à effet de serre !
Nous avons donc tous, collectivement, à faire face à grands défis : le changement climatique, le vieillissement de la population, la préservation des espaces naturels et de la biodiversité, les pandémies, l’inclusion. Pour y arriver, nous devons nous adapter, et les villes aussi.
S’adapter signifie transformer. Transformer, changer les choses nécessite en premier lieu de savoir d’où on part pour imaginer où on veut aller et trouver un chemin pour s’y rendre. C’est autant un sujet de société que de service public, et c’est ce qui se cache derrière le concept de ville intelligente : utiliser les atouts du numérique pour répondre aux grands enjeux d’évolution de nos sociétés très urbanisées.
Mais comment fait-on ?
Il y a différents aspects à prendre en compte : évidemment le volet technologique qui consiste à concevoir un système de bout en bout. On pourrait penser que c’est le plus important et le plus difficile, mais je ne suis pas de cet avis. Car cela ne suffit pas. Aujourd’hui la technologie permet de faire à peut près tout ce qu’on veut. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut nécessairement le faire. Parce que le numérique a un cout : financier d’abord (et on parle ici d’argent public). Mais aussi environnemental. Certaines technologies sont gourmandes en énergie, que ce soit à travers les réseaux de communication ou encore pour le stockage des données. Il faut donc réfléchir avant d’agir. Et cette réflexion se fait et doit se faire en tenant compte de ces aspects. Et au centre, il faut mettre les usages et les usagers, c’est-à-dire le pour quoi faire et le « pour qui le faire ».
Une interview réalisée par Laurence Aubron.