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Être intelligents à plusieurs : A quoi sert l’open data ?

Photo de Kevin Ku - Pexels Être intelligents à plusieurs : A quoi sert l’open data ?
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Une chronique de Christine Le Brun, Experte Smart Cities & Places chez Onepoint, où nous parlerons de villes, d’outils et de technologies numériques, de données, mais aussi des citoyens et de ceux qui font les villes.

Bonjour Christine Le Brun, aujourd’hui vous souhaitiez revenir sur un concept dont on entend parfois parler sans trop savoir ce qui se cache derrière : l’open data.

Oui Laurence, c’est un sujet qui a une place importante dans les projets de villes intelligentes car c’est une des applications du numérique et de la donnée qui comporte beaucoup de potentiel et de nombreux bénéfices. A tel point que ces données ouvertes relèvent en France d’une loi, la Loi pour une République Numérique du 7 octobre 2016, dite loi Lemaire. Je précise ici qu’il ne s’agit pas de Bruno, mais d’Axelle Lemaire, LA secrétaire d’état au numérique de l’époque ! A noter qu’au niveau européen, des textes qui en posaient les bases existent depuis 2003 et que la dernière harmonisation date de 2019.

Et quel est donc l’objectif de cette loi ?

Elle concerne toutes les collectivités de plus de 3 500 habitants, et donc à la fois les villes, les agglomérations et métropoles, mais aussi les départements et les régions. Tous ont à présent l’obligation de publier leurs données publiques, c’est-à-dire d’en faire de l’open data. Les jeux de données ainsi ouverts sont alors accessibles à tous, qu’il s’agisse d’entreprises du secteur privé, de particuliers, de chercheurs ou d’organismes publics. Chacun peut les consulter, les utiliser et les redistribuer, quel que soit le but recherché. Y compris commercial, et y compris en les recombinant avec d’autres données. Ah oui et j’oubliais, l’open data doit bien sûr être gratuite ! L’idée est que ces données qui ont été produites grâce à de l’argent public, puissent être mises à disposition dans un souci de transparence et de création de valeur.

Et quel type de données sont concernées ?

Il y a vraiment de tout, mais les grandes catégories concernent la citoyenneté, les transports, l’urbanisme, l’environnement, l’économie ou encore la santé. Vraiment en vrac, vous pouvez par exemple trouver des détails sur les dernières élections, le nombre de places disponibles dans les parkings en temps réel, les prix de l’immobilier quartier par quartier, la carte des défibrillateurs dans la ville, des statistiques sur les naissances et les décès, des cartes en temps réel sur la qualité de l’air ou encore le nombre d’arbres plantés année par année. Les collectivités les plus avancées partagent plusieurs centaines de jeux de données, voire plus.

Mais en fait, Christine, à quoi cela ressemble, et comment ça marche ?

Tour ceci est disponible sur Internet, à travers des sites web dédiés, accessibles à tous sans besoin de créer un compte. Tapez dans un moteur de recherche open data + le nom de votre ville ou de votre région, et vous allez probablement tomber dessus. Le site permet en général de faire des recherches par thématique ou par mot clé. Vous pouvez visualiser chaque jeu de données sous forme de tableau ou parfois de carte, mais aussi le télécharger. Vous récupérez alors des fichiers que vous pouvez exploiter pour vos propres besoins ou pour vos projets.

Est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples ?

Du point de vue de la collectivité, le premier bénéfice de l’open data est démocratique car elle apporte plus de transparence sur les politiques publiques, par exemple en partageant les subventions accordées aux associations ou plus largement les bilans budgétaires. Les citoyens sont mieux informés et donc plus incités à participer à la vie publique. Elle stimule également l’innovation et le développement de l’économie numérique, car la réutilisation des données encourage la création de nouveaux produits et services.

Quel type de service par exemple ?

Et bien disons que je monte une startup. Et que j’ai à ma disposition en open data des données en temps réel sur la qualité de l’air et les concentrations de pollens dans ma ville, ainsi que la cartographie précise des pistes cyclables. Je peux créer une appli qui élabore des itinéraires évitant les zones à risque pour les personnes qui ont des problèmes respiratoires. Il se peut que cette appli intéresse un opérateur d’infrastructures, qui va venir me voir pour élargir le principe vis-à-vis des émissions de poussières dues à ses chantiers. Cela va m’apporter un nouveau business. On voit donc que grâce à ce petit jeu de donnée mis à disposition par la collectivité, on a créé de la valeur pour la startup, pour le gros opérateur qui peut se prévaloir de cette innovation auprès de la collectivité, pour le citoyen à vélo qui sera peut être moins larmoyant en arrivant au bureau, et enfin pour la collectivité qui indirectement aura œuvré à la prévention pour une meilleure santé publique. C’est ce que j’appelle être intelligents à plusieurs !

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.