Avez-vous passé une bonne semaine ?
Bien sûr – comme toujours chaque année à cette époque, lorsque les institutions européennes (et quelques autres) s’aperçoivent que le temps nécessaire à la prise de décision s’amenuise à mesure que l’on se rapproche des congés d’été. Et la semaine écoulée aura été fertile en annonces et en rebondissements.
Donc, par où commencer ?
Débutons par l’interpellation de l’ancienne Première ministre régionale écossaise, Nicola STURGEON, interrogée pendant près de sept heures par la police de son pays, dans le cadre d’une suspicion de détournement de dons à son parti, le SNP. Mme STURGEON a été relâchée sans être inculpée, tout comme l’ont été avant elle le comptable et le directeur général du parti, ce dernier étant par ailleurs l’époux de Mme STURGEON.
En l’état actuel de l’enquête, on ne sait pas si cela débouchera sur un procès retentissant ou si le bruit et la fureur du moment finiront par faire pschitt – mais ce qui est clair, c’est que la voie vers un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse s’en trouve durablement obstruée.
Une autre femme politique faisait la une la semaine dernière…
…en effet, mais pas pour les mêmes raisons. Il s’agit de la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der LEYEN, qui s’est rendue en Tunisie pour apporter à l’économie flageolante de ce pays un soutien financier européen d’un milliard d’Euros. A cela vient s’ajouter un milliard neuf cents millions de la part du Fonds monétaire international.
L’Union européenne, comme le FMI, s’inquiètent des vrais risques d’un effondrement financier de l’État tunisien, et de l’émigration massive que cela entraînerait inévitablement. Un élément de contexte : à TUNIS, Mme von der LEYEN était flanquée de deux chefs de gouvernement européens : le Néerlandais Mark RUTTE (vigilant quant au budget) et l’Italienne Giorgia MELONI (obsédée quant à l’immigration) – difficile d’y voir l’effet du hasard.
A peine rentrée, la Présidente de la Commission est repartie en tournée en Amérique latine ; on en reparlera.
Et vous avez repéré une troisième femme qui s’est illustrée cette semaine…
Celle-ci s’appelle Margrethe VESTAGER, qui s’en prend à nouveau (et sans doute pour la dernière fois) à GOOGLE, à qui elle reproche un conflit d’intérêts délibéré : GOOGLE est en effet à la fois fournisseur d’espace publicitaire payant pour des sites commerciaux…tout en étant lui-même rémunéré pour ses propres publicités, en concurrence dans le positionnement et le référencement avec les premiers. Mme VESTAGER exige que GOOGLE se défasse de ces activités litigieuses en les revendant à un tiers. A suivre.
Loin de tout cela, en Ukraine, la guerre se poursuit…
…et l’Alliance atlantique a organisé ses grandes manœuvres de printemps en Allemagne, et à une échelle jamais vue depuis la fin de la Guerre froide : plus de 250 aéronefs et des contingents de 25 pays, au nombre desquels figuraient deux invités : la Suède, dont l’adhésion à l’OTAN reste bloquée par la Turquie et par la Hongrie, et, plus étonnant, le Japon,
dont on oublie facilement que sa Force d’Autodéfense (c’est son nom officiel) en fait une importante puissance militaire en Asie. Pour les participants, ces manœuvres se veulent un message clair destiné au Kremlin : ‘Quoi que vous tentiez, nous sommes prêts’.
C’était aussi la semaine, à STRASBOURG, de la session plénière mensuelle du Parlement européen…
…avec un débat inédit autour du projet de directive européenne d’encadrement de l’intelligence artificielle. Les échanges ont été plutôt vifs sur les aspects liberticides de la reconnaissance faciale de personnes, circulant dans la foule lors d’une manifestation ou d’une rencontre sportive. Le vote a consacré l’obligation pour des logiciels tels ChatGPT d’afficher clairement qu’il s’agit de contenu généré par l’IA. Les eurodéputés se sont également montrés très critiques vis-à-vis du recours à l’intelligence artificielle lors de campagnes électorales.
Autre chose : la voiture électrique, c’est bien, dites-vous, mais à condition qu’elle soit fabriquée en Europe, c’est cela ?...
C’est une préoccupation relativement récente, mais majeure, et qui devrait justifier une enquête anti-dumping de la Commission européenne, destinée à freiner l’afflux dans l’UE de voitures tout-électriques d’origine chinoise – vous l’avez certainement remarqué depuis quelques mois, nos rues et nos routes s’emplissent de véhicules, généralement de gros SUV à la ligne quasi-identique, et dont on ne sait pas trop comment prononcer le nom de leur marque : B.Y.D. (comme ‘bide’ ?), O.R.A. (comme ‘ora’, ‘prions’ en latin), ou encore GREAT WALL
(là, on sait pas s’il faut traduire dans les langues européennes ou tenter de reproduire le nom d’origine en mandarin : ‘CHÁNGCHÉNG’)…
L’électricité, pourtant au cœur du Pacte vert européen, non ?
Oui, mais pas au prix du sacrifice de notre industrie automobile, incapable de rivaliser avec ces chevaux de Troie (électriques) bradés sur nos marchés – mais, tiens, puisque vous évoquez l’électricité, dont vous savez que le Pacte vert impose que, d’ici à 2030, la part des énergies renouvelables dans la mosaïque énergétique soit d’au moins 42,5 %, on notera que la France vient de remporter de haute lutte l’inclusion de l’électricité nucléaire produite par hydrogène, ainsi que la conversion des usines d’ammoniaque à l’hydrogène généré par l’électricité verte.
Un dernier mot ?...
…pour vous signaler le Championnat mondial annuel d’endurance en pédalo, deuxième édition, qui a eu pour cadre, dimanche dernier, le lac du Bois de La Cambre à BRUXELLES. 25 équipes (de huit à dix pédaleurs) inscrites, et tous les records sont tombés : jusqu’à 45 tours du lac (c’est-à-dire plus de quinze kilomètres), et une pointe vertigineuse à 4,75 km/h.
C’était notre page sportive.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.