La semainière de Quentin Dickinson

Élections en Europe et Parlement à Bruxelles

©SYGAL 93 /Flickr Élections en Europe et Parlement à Bruxelles
©SYGAL 93 /Flickr

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, QD, avez-vous passé une bonne quinzaine ?

Une quinzaine, et pas comme habituellement une semaine - pour vous, nos auditeurs, j’explique : pour cause de vacances scolaires, les chroniqueurs de votre radio préférée ont bénéficié d’une semaine de congés – y compris ceux, comme votre serviteur, qui n’ont pas d’enfants scolarisés.

Mais l’actualité européenne, elle, n’a pas chômé.

D’abord, au Conseil de l’UE comme au Parlement européen, l’on met les bouchées double avant que la campagne électorale des européennes vienne tout geler en l’état, et ce, jusqu’en juillet.

Avant cela, QD, d’autres citoyens européens seront allés aux urnes

En Irlande et au Portugal, en effet. En Irlande, il s’agissait, par référendum, de mettre deux aspects du texte de la Constitution, datant de 1937, en conformité avec les réalités sociales d’aujourd’hui. Le texte d’origine mettait l’emphase sur la famille, bâtie autour d’un couple hétérosexuel marié, comme pilier de la société ; d’autre part, le partage des responsabilités entre époux confinait la femme dans des tâches ménagères et d’éducation des enfants. Mais la nouvelle rédaction, proposée par les partis de la coalition au pouvoir à DUBLIN, était à ce point alambiquée, que les électeurs se sont trouvés déboussolés par les arguments contraires de ceux qui en voulaient davantage et ceux qui en voulaient moins – mais qui se rejoignaient pour prôner le Non ou l’abstention.

Résultats : le rejet du toilettage du texte est sans appel : par 67 % pour ce qui est de la famille-modèle et par 73 % pour la femme au foyer. Les Irlandaises resteront donc chez elles, selon la Constitution de leur pays, mais évidemment pas dans les faits, on s’en doute.

Et au Portugal, alors ?

Il s’agissait ici de législatives. On en retiendra les pertes importantes du Parti socialiste du Premier ministre, António COSTA, pertes qui s’expliquent par l’usure du pouvoir ainsi que par un scandale autour de la corruption supposée d’un membre du gouvernement. L’autre famille politique majeure, celle du centre-droit, reste pratiquement sur une présence inchangée au Parlement. Mais l’événement, qui ne constitue pas vraiment une surprise, mais plutôt la confirmation d’une tendance constatée à peu près partout en Europe, c’est la percée de CHEGA, le mouvement d’extrême-droite, qui manque de peu le triplement de ses résultats des législatives précédentes.

On ne sait pas si ces circonstances sont de nature à freiner les chances de M. COSTA, que beaucoup verraient comme successeur de Charles MICHEL à la présidence du Conseil européen à la fin de l’année.

Et, pendant ce temps, au Parlement européen ?

La semaine écoulée aura été, à BRUXELLES, celle des réunions par commissions parlementaires spécialisées, dont les travaux sont soumis cette semaine à la session plénière à STRASBOURG.

Je reviendrai dans le détail sur les textes adoptés dans notre Semainière de la semaine prochaine.

Brièvement, donc, on peut s’attendre à des votes importants sur l’aide à l’Ukraine ; sur la relation à la Russie ; sur les sanctions du chef d’infractions contre l’environnement ; sur la politique de défense de l’UE ; sur les nouvelles règles visant les permis de conduire ; et sur l’encadrement de la communication politique – notamment. J’ajoute un sujet majeur pour la liberté de la presse : ce sont les restrictions à apporter aux procédures judiciaires intentées abusivement contre les journalistes et leurs médias, avec pour seul objectif que leurs frais de défense et de justice soient si élevés que cela les décourage de publier telle ou telle information, qui chagrinerait une grosse entreprise ou un gouvernement (la liste n’est pas exhaustive).

La lutte contre le gaspillage et la pollution dans l’UE aura progressé la semaine dernière, QD

En effet, et dans le domaine spécifique des emballages. Il s’agit de limiter les emballages à usage unique, en particulier en matière plastique. Pour parler clair, ceci aboutira à interdire dans les cafés et restaurants, les mini-doses de sucre, de moutarde et autres mayonnaises (dont on notera, au passage, que ces mini-doses scellées avaient été introduites il y a vingt-cinq ans pour des raisons d’hygiène). De même sont visés les petits échantillons de shampoing et de lotions dans les chambres d’hôtel, tout comme l’indéfendable mise sous plastique de fruits et légumes frais.

Plus contestable est l’interdiction de l’emballage des valises dans les aérogares, pourtant utiles contre le chapardage en cours de manutention et pour la sécurité en général.

Autre chose à signaler ?

Oui, de très nombreux événements et décisions des dix derniers jours mériteraient qu’on en dise un mot ici, mais hélas, le temps nous étant compté, il faudra faire l’impasse à leur propos.

Enfin, puisque vous m’y incitez, pour achever ce tour d’horizon, je rappelle que si vous êtes une lectrice en surpoids, c’était votre fête lundi (Journée mondiale de l’Obésité), mais aussi jeudi (Journée mondiale du Livre), et toujours vendredi (Journée internationale de la Femme).

Entretien réalisé par Laurence Aubron.