La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

© Photo de Egor Filin sur Unsplash La semainière de Quentin Dickinson
© Photo de Egor Filin sur Unsplash

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, Quentin Dickinson, avez-vous passé une bonne semaine ?...

…une semaine où, peut-être plus que d’habitude, le profondément préoccupant aura côtoyé le franchement ridicule.

Pas d’hésitation quant au classement dont relève la poursuite de l’agression russe contre l’Ukraine – commençons par là, avec cette annonce-surprise du Premier ministre britannique, qui entend rétablir le service national obligatoire, abandonné en 1963. Évidemment, l’on se situe Outre-Manche dans le contexte de la campagne électorale des législatives du 4 juillet, et M. SUNAK pense appâter les électeurs de plus de soixante ans, ainsi que tous ceux qui déplorent le manque de discipline des jeunes et leur enfermement dans leur cyber-bulle. La nouvelle a tout-de-même eu pour effet de prendre à contre-pied l’opposition travailliste, jusqu’ici grand favori des sondages. L’idée mérite cependant l’examen : seraient visés, tous les jeunes, garçons et filles, âgés de dix-huit ans, qui auraient le choix entre une année de formation militaire et un service civil auprès d’associations d’entraide reconnues. Un report serait possible jusqu’à la fin des études. L’inspiration provient d’éléments en vigueur, notamment en Suède, en Allemagne, et en Finlande.

Mais la guerre en Ukraine a aussi des effets financiers…

… et c’est ce dont les ministres des Finances du G7, le groupe des pays les plus développés, ont débattu la semaine dernière à STRESA, ville d’eau italienne à plus d’un titre, vu qu’il pleut la plupart du temps au Lac majeur.

Une parenthèse, pour rappeler que STRESA fut longtemps un lieu de réunions internationales à haut niveau : en 1935 où, avec le recul, on pouvait déjà entr’apercevoir l’extraordinaire naïveté des Français et des Britanniques, bientôt confrontés aux régimes dictatoriaux en Italie et en Allemagne ; et en 1958, quand y fut lancé (de façon nettement plus positive) le projet de Politique agricole commune de la CEE.

Mais revenons à nos ministres d’aujourd’hui : sans grand enthousiasme, ils ont accédé à la demande américaine de prélever les intérêts générés par les fonds russes gelés chez eux, afin de garantir un emprunt international destiné à l’effort de guerre et au soutien de l’économie ukrainienne. Français et Allemands se posent en effet la question de savoir si, après la fin des hostilités, KIEV sera en mesure de rembourser cet emprunt ; invité du G7, le ministre ukrainien des Finances n’a d’ailleurs pas caché qu’il manquera au moins dix milliards de Dollars à son budget de l’année prochaine. Or, les intérêts des fonds russes gelés dans l’Union européenne ne dépassent guère les trois milliards d’Euros annuels. La question devra être tranchée lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement du G7 qui se tiendra dans les Pouilles du 13 au 15 juin.

C’est la confirmation – pour autant que de besoin – que la Russie (et, dans une mesure pour l’heure encore moindre, la Chine) portent l’affrontement avec l’Occident dans un grand nombre de domaines non-directement militaires, comme les cyberattaques contre des usines ou des infrastructures, des prises de participation hostiles dans des entreprises de pointe, des sabotages paralysant les réseaux de transport, et la désinformation et l’espionnage sous toutes leurs formes.

…et un autre foyer d’affrontement avec MOSCOU se consolide en Géorgie, depuis peu reconnue candidate à l’adhésion à l’Union européenne…

Ce petit pays ex-soviétique sur la Mer noire a la particularité d’être dirigé par un gouvernement officiellement pro-européen mais simultanément crypto-russe. En dépit de manifestations de masse, il vient de promulguer une loi (copie conforme d’un arrêté russe) stigmatisant les médias et les associations recevant des subventions de l’étranger, loi aussitôt annulée par la Présidente de la République. La majorité dont dispose le gouvernement au parlement lui permettrait de passer outre à ce veto présidentiel, mais, étonnamment, il n’y a pas (ou pas encore) procédé, et semblerait au contraire vouloir monnayer le retrait du texte contre des financements de l’UE, qui, de son côté, envisage d’imposer des sanctions à TBILISSI.

Pour en finir avec cette semaine, vous avez deux informations d’importance inégale à nous livrer, Quentin Dickinson…

Pour être précis, des sifflets moqueurs dans un cas, des applaudissements mérités dans l’autre. Voici.

Les sifflets pour la rappeuse-influenceuse jamaïco-américaine Nicki MINAJ, interpellée à l’aéroport d’AMSTERDAM au moment où elle s’apprêtait à embarquer dans un avion privé en possession de quarante sachets de cannabis. Relâchée au bout de plusieurs heures de garde à vue, et après avoir acquitté une amende, elle put prendre son envol vers MANCHESTER – mais, trop tard, son concert ayant dû être annulé. Alors, répétons ici que la possession de moins de cinq grammes de cannabis est tolérée aux Pays-Bas, mais que la culture de plus de cinq plants, la vente, et l’exportation de toute substance hallucinogène sont strictement interdites – la Hollande permissive, c’est fini depuis trente ans.

Et les applaudissements, c’est pour la Française Sophie ADENOT et pour le Belge Raphael LIÉGEOIS (qui n’est pas de LIÈGE, mais de NAMUR). Elle est colonel de l’Armée de l’air et pilote d’hélicoptère ; lui préfère les montgolfières – leurs noms ne vous disent sans doute rien, mais ce sont ces deux astronautes que l’Agence spatiale européenne, basée à PARIS, a choisis, à l’issue d’une sélection impitoyable, pour rejoindre la Station spatiale internationale – alors, bon vol en ARIANE VI – et, avouez, c’est quand même autre chose que l’avion privé de Mlle MINAJ.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron