La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?...

Pas spécialement, car, sur mon tableau de bord européen, nombre de clignotants sont passés au rouge – voyez par exemple le cas des hydrofluorocarbures, les fameux HFC.

Expliquez-nous cela…

On sait depuis longtemps que les hydrofluorocarbures sont des gaz particulièrement nocifs pour l’environnement ; ils ne s’attaquent pas à la couche d’ozone comme le fait le dioxyde de carbone des tuyaux d’échappement de nos voitures à moteur thermique, mais leur effet de serre est directement bien plus important pour ce qui est du réchauffement climatique. Pour mémoire, les hydrofluorocarbures, ou HFC, sont des conducteurs réfrigérants, et, à ce titre, présents dans les circuits des frigos et des climatiseurs et servent aussi dans différents procédés industriels. Ces circuits sont certes hermétiques, mais c’est lors de la mise hors service de ces équipements que le risque est considérable que les HFC se dispersent dans l’atmosphère.

Par l’Amendement de KIGALI de 2016 au Protocole de MONTRÉAL, les principaux pays industriels et l’Union européenne se sont engagés à réduire le recours aux HFC de 85 %, et par paliers, jusqu’en 2036. L’idée, c’est de rendre les HFC de plus en plus chers et ainsi de favoriser l’utilisation de gaz de substitution.

Mais voilà : le rapport annuel de l’Agence environnementale d’Investigation, basée à LONDRES, vient de paraître, et il est accablant : en Europe, les importations clandestines de HFC représentent l’équivalent de jusqu’à 30 % des HFC légaux. L’origine de ce commerce écocide ? Vous l’aurez deviné : la Chine et la Turquie.

Vous avez découvert, QD, une nouvelle affaire d’irrégularité financière dans une agence de l’UE

Et où l’on reparle de FRONTEX, l’agence européenne de contrôle de nos frontières extérieures. Le budget annuel des déplacements en mission de ses quelque trois mille employés atteint les 526 millions d’Euros. Après appel d’offres, ce juteux contrat a été remporté par une agence de voyage polonaise (on rappellera à cet égard que FRONTEX est basée à VARSOVIE). En dépit de soupçons d’irrégularités et d’une enquête en cours de l’Office de Lutte anti-fraude de l’UE, le contrat de l’agence de voyage a été renouvelé en décembre 2022, alors que FRONTEX n’avait pas de Directeur exécutif en poste. Finalement, sur l’insistance du Service juridique de FRONTEX, le nouveau directeur a fini par annuler le contrat l’année dernière.

On ne sait pas s‘il s’agit d’un détournement de procédure au goût de corruption, ou si l’on n’a affaire qu’à un cas de mauvaise gestion. A la réflexion, c’est peut-être les deux.

Des nouvelles électorales du week-end dernier, QD ?

Plutôt mauvaises en Slovaquie, où l’ancien président Peter PELLEGRINI, foncièrement opposé au soutien à l’Ukraine, est à nouveau chef de l’État, flanqué d’un Premier ministre, Robert FICO, ouvertement prorusse.

Plutôt bonnes, en revanche, aux municipales et aux régionales en Pologne, où le parti de la Coalition civique du Premier ministre pro-européen Donald TUSK rafle les grandes villes et seize régions, malgré les bons résultats ailleurs du PiS, le parti eurosceptique.

Pour finir, vous tenez à nous mettre en garde contre le retour d’une maladie qu’on croyait éradiquée en Europe, c’est cela ?

En dehors des milieux spécialisés, on en parle peu, mais la coqueluche, rarissime depuis les années 1950, est de retour en Europe. L’alerte vient d’être lancée par le Centre européen de Prévention et de Contrôle des Maladies, basé en Suède à SOLNA. Déjà des centaines de cas sont signalés en Espagne, au Danemark, et en Belgique ; le record est de 6.261 cas en Croatie, rien qu’au cours des deux premiers mois de cette année. La Slovaquie annonce que ses pharmacies sont à cours de vaccin.

Parmi les causes de cette recrudescence d’une maladie grave et particulièrement contagieuse, il y a principalement le laisser-aller dans les campagnes de vaccination, mais aussi la baisse de qualité des soins, par la lente réduction des budgets de fonctionnement des systèmes de santé publique dans plupart des pays de l’UE ; on constate aussi le retour croissant dans l’UE de la rougeole et de la malaria, de la syphilis et de la goutte, et même de la lèpre. Faites votre choix, mais prenez soin de vous. EURADIO tient à ses auditeurs.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.