Alors, avez-vous passé une bonne semaine ?
Ah oui, plutôt. Les résultats – assez inattendus – des élections législatives en Grèce auront conforté l’autorité du Premier ministre sortant, Kyriakos MITSOTAKIS, et de son parti de centre-droit, Nouvelle-Démocratie. Le seuil de 45 % des voix, indispensable pour former un gouvernement monocolore, ayant été manqué de peu, M. MITSOTAKIS entend exploiter les dispositions constitutionnelles un peu particulières de son pays pour éviter d’avoir à gouverner en coalition avec d’autres partis. Y renoncer maintenant lui permet de provoquer de nouvelles élections sous peu, qui conféreront un avantage automatique en sièges au parti arrivé en tête, c’est-à-dire sans aucun doute le sien, qui franchira donc la barre des 45 %. Mais au-delà du cas grec, s’il convient de s’en féliciter, c’est parce que, ces dernières années en Europe, l’on avait plutôt vu la droite classique s’effacer, voire s’effondrer, devant la montée apparemment irrésistible de l’extrême-droite. On ne sait pas si la bonne fortune de M. MITSOTAKIS annonce un printemps des modérés et un recul des populistes, mais il n’est pas interdit de l’espérer. Donc oui, ce fut une bonne semaine.
Et, pendant ce temps, les Vingt-sept cherchent toujours à serrer davantage les boulons des sanctions qui visent la Russie…
On en est au onzième paquet de sanctions, et chaque jour apporte son lot de trous dans la raquette. Clairement, il faut réduire les possibilités de contournement des sanctions, mais, pour l’heure, les Européens sont divisés, en particulier entre ceux qui ne veulent sanctionner que des individus et des entreprises, et ceux qui voudraient également frapper des États.
De même, les Hongrois veulent préserver leurs entreprises, pourtant prises la main dans le sac dans des trafics à trois bandes au bénéfice de MOSCOU. Fort heureusement, l’unanimité n’est plus requise en la matière. Suite à la prochaine chronique semainière.
Vous le disiez il y a quelques instants, il y a MITSOTAKIS qui rit, mais il faudrait ajouter qu’il y a META qui pleure, vous le confirmez ?
…qui pleure toutes les larmes de son corps (assez gras), à hauteur de l’amende-record d’un milliard deux cents mille Euros que les régulateurs européens viennent de lui infliger pour non-respect (et récidive) du Règlement général de Protection des Données, le désormais célèbre RGPD, lequel fête ces jours-ci (je pense que c’est l’effet du hasard) son cinquième anniversaire. En bref, de quoi s’agit-il ? Simplement que META transmet systématiquement les données personnelles de ses clients européens vers son siège aux États-Unis, où l’UE estime que ces données ne sont pas assez protégées.
Ce n’est pas vraiment une consolation pour META, mais son cas rejoint les amendes infligées pour le même motif à d’autres GAFAM, comme AMAZON (746 millions d’Euros), tout comme à ses propres filiales FACEBOOK, INSTAGRAM, et WhatsApp, qui ont accumulé depuis deux ans des amendes européennes allant de 225 à 405 millions.
Sans accord entre l’UE et WASHINGTON d’ici à l’automne, le risque est réel que META doive suspendre ses activités en Europe.
Au passage, on saluera le nommé Max SCHREMS, cet Autrichien, jeune étudiant en droit aussi brillant que teigneux, qui a allumé la mèche de ces corrections il y a déjà une dizaine d’années (et aujourd’hui juriste confirmé, il ne rechigne pas à en assurer le suivi militant).
Autre chose à signaler ?
Pour ceux qui s’intéressent aux sciences et techniques, qu’ils sachent qu’un débat – pour l’instant discret – anime ici à BRUXELLES les spécialistes de la sidérurgie. Leur calcul, c’est que le remplacement du coke par l’hydrogène, lors du processus d’élimination de l’oxygène contenu dans le minerai, permettrait une décarbonation quasi-complète de la production d’acier.
Ce ne serait pas un luxe, vu que la sidérurgie, au niveau mondial, contribue pour près de 10 % aux émissions de CO². Mais, objectent les comptables, le recours à l’hydrogène revient à augmenter les coûts de production d’un bon tiers.
Finalement, on peut se dire que ce débat est davantage politique que technique.
Cette semaine, vous avez, je crois, un carton rouge et trois compliments à distribuer…
…et, comme la semaine dernière, commençons par ce qui fâche. Le carton rouge est remis sans hésitation à Mme Assita KANKO, eurodéputée belge du parti nationaliste flamand N-VA, mise en cause dans une affaire de harcèlement moral.
Son dossier ne plaide pas vraiment pour elle : depuis son élection il y a quatre ans, elle a embauché et renvoyé pas moins de treize attachés parlementaires – un record, surtout au Parlement européen, réputé plus prévenant vis-à-vis des collaborateurs des élus qu’aux parlements nationaux des pays-membres de l’UE.
Et vos compliments s’adressent à…
…d’abord au peuple moldave et à la Première ministre Maia SANDU, qui a organisé une grande fête populaire pour appuyer la candidature de son pays à l’Union européenne, avant de recevoir, quelques jours après, à CHIŞINĂU, la capitale, la deuxième réunion au sommet de la Communauté politique européenne.
Mitoyenne de la Roumanie et de l’Ukraine, la Moldavie est en partie occupée par des sécessionnistes pro-russes, soutenus par une présence militaire envoyée par MOSCOU. Comme celle de l’Ukraine, sa candidature n’est donc pas un dossier de routine.
Ensuite ?
Un bouquet de fleurs d’abord pour Christine LAGARDE, Présidente de la Banque centrale européenne, qui fête ses vingt-cinq ans (la banque, pas elle).
Enfin, je tiens à signaler un début de résurrection des trains de nuit en Europe (autrement plus confortables que les voitures-couchettes d’antan) : la liaison BRUXELLES-AMSTERDAM-BERLIN, depuis quelques jours, est à nouveau sur les rails. Et, comme moi, Laurence, vous ne me démentirez pas, vous avez hâte de l’emprunter.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.