Peut-être 200 milliards d’euros, c’est le montant estimé par l’Union européenne de la quantité d’argent sale qui est blanchi chaque année en Europe. Pour faire face à cette économie souterraine dont la valeur est encore mal connue, l’Union européenne vient d’adopter un réglement visant à harmoniser la lutte de tous ses Etats-membres contre la criminalité organisée et la fraude financière.
A Strasbourg, certains experts contribuent déjà depuis longtemps à cet effort commun, notamment Chantal Cutajar, enseignante-chercheuse à l’Université de Strasbourg et directrice générale du Collège européen d’investigations financières. Elle est notre invitée du jour, au micro de Romain L’Hostis.
Une problématique persistante et difficile à saisir
En réalité, comme nous l'explique Chantal Cutajar, les chiffres ou plutôt les estimations correspondent rarement à la situation sur le terrain, ou bien de manière bien sous-estimée. Car le blanchiment d'argent, en cela qu'il relève du milieu de la criminalité organisée, est une économie souterraine, donc difficilement mesurable. En général, nos sociétés en prennent brutalement conscience lorsque se succèdent les uns après les autres les scandales financiers impliquant parfois aussi des banques européennes et occidentales. Face à cela, à Strasbourg, le Collège européen d'investigations financières propose ainsi des formations à la lutte contre la criminalité organisée et le blanchiment d'argent. Ces spécialisations sont accessibles à des professionnel.les de toute l'Europe.
L'UE se dote d'une nouvelle agence contre le blanchiment d'argent
Parmi les nouveautés apportées par ce réglement européen, la création d'une agence européenne anti-blanchiment d'argent (AMLA). Objectif : Lutte contre la criminalité organisée, le financement du terrorisme ou encore empêcher que ne se reproduisent des scandales financiers comme les Panama Papers.
En outre, l'Union européenne a également innové dans la méthode même de création de cette agence. Par exemple, lors du choix de la ville qui accueillera l'AMLA, plusieurs consultations ont eu lieu et le Parlement européen a également pu avoir son mot à dire. Ainsi, c'est par un vote final que la ville allemande de Francfort a été désignée pour accueillir la nouvelle agence. L'AMLA sera donc voisine de la Banque Centrale européenne (BCE), déjà présente à Francfort.
Un entretien réalisé par Romain L'Hostis.