Michel Derdevet, président du think tank Confrontations Europe revient dans cette chronique hebdomadaire sur les dernières publications de son organisation, notamment de sa revue semestrielle. Énergie, numérique, finances, gouvernance européenne, géopolitique, social, les sujets d'analyse sont traités par des experts européens de tout le continent dont le travail est présenté par Michel Derdevet.
Dans la revue n°139 de Confrontations Europe, Olivier Röpke, président du Comité économique et social européen s’est exprimé à propos du rôle essentiel des organes consultatifs dans la construction européenne, particulièrement dans un contexte marqué par des défis économiques, sociaux et technologiques. Dans son article, il met en évidence l’importance des organes consultatifs dans l’intégration des cultures, des perspectives et des ambitions. Créé par le Traité de Rome, le CESE joue un rôle crucial en permettant aux politiques européennes d’être en phase avec les réalités des citoyens.
Comment les priorités des organes consultatifs contribuent-elles à assurer une bonne gouvernance de l'Union européenne ?
La véritable force des organes consultatifs réside dans la capacité à rendre la gouvernance accessible et pertinente. Lors de l’élaboration des lois européennes sur des enjeux majeurs comme le climat ou le marché numérique, ces organes veillent à ce que les personnes directement concernées soient consultées et intégrées dans le processus décisionnel. En collaborant avec la société civile, ils favorisent une participation plus active et garantissent que les lois reflètent mieux les préoccupations des communautés européennes. Cela vient renforcer la confiance du publique dans la gouvernance de l’Union. Sans transparence, la société serait exclue du processus décisionnel. Afin de garantir une gouvernance de qualité, le CESE organise des auditions publiques, impliquant directement la société civile. La transparence dépasse le seul cadre de la consultation mais englobe la clarté sur le processus de prise de décision, par le biais de rapport publics et d’un dialogue continu avec les citoyens des Etats membres.
Les candidatures à l’Union européenne se sont multipliées dernièrement. Comment le CESE voit l’arrivée de ces nouveaux pays dans ce processus de consultation ?
Il ne s’agit pas seulement d’une question d’extension géographique mais véritablement d’intégration de valeurs, de promotion de la coopération et de construction d’un avenir commun.
Dans ce contexte, les organes consultatifs tels que le CESE jouent un rôle crucial en établissant des liens facilitant la compréhension mutuelle, et la préparation à l’intégration. L'auteur met en avant une initiative datant de 2023 qui marque une étape importante dans ce processus d’élargissement. Cette initiative intitulée “ Membres des candidats à l’élargissement” (ECM) met en relation le CESE avec des pays désirant d’entrer dans l’UE. Grâce à cette initiative, ces pays ont l'opportunité de mieux comprendre le processus décisionnel de l'UE, d'obtenir des informations sur l'élaboration des politiques européennes et ainsi de se préparer davantage à l'intégration.
Quelles solutions Oliver Röpke propose-t-il pour améliorer l’efficacité du CESE et rapprocher les organes consultatifs de l’Union européenne des citoyens ?
Dans un contexte de défiance institutionnelle, les organes comme le CESE jouent un rôle fondamental en rapprochant l’Union européenne des citoyens, notamment par le biais d’un dialogue constant avec des organisations et des groupes locaux. Le CESE ne se contente pas d’informer ces organismes sur les politiques de l’UE mais incite ces acteurs à participer activement, contribuant ainsi à construire une Europe démocratique et en phase avec ses concitoyens.
Concernant l’amélioration de l’organe, l’utilisation de la technologie est à approfondir. Cela permettrait d’offrir aux citoyens des outils plus directs de participer aux débats politiques. Oliver Röpke souhaite aussi un élargissement des programmes de sensibilisation, visant à rendre les consultations plus inclusives. Ces initiatives renforceraient la réactivité et l’accessibilité des politiques de l’Union, créant ainsi une passerelle entre les citoyens et l’UE.
En conclusion, le travail du CESE peut-il être considéré comme un pari gagnant dans la construction d’un avenir commun pour l’Europe ?
Il est possible de répondre à l’affirmative à cette question. En effet, le CESE veille à ce que les décisions prises reflètent les aspirations des citoyens qu’elle sert, en favorisant une union fondée sur la collaboration et l'engagement mutuel. A travers son action, le CESE permet à l’Union de bâtir une Europe plus large, incarnant les valeurs fondamentales de démocratie, d'inclusion et de solidarité. Les années à venir s’annoncent captivantes : elles renforceront l’idée d’une Europe connectée aux réalités des citoyens, prête à relever les défis de demain. Ainsi, le rôle du CESE est plus que jamais de servir de cœur à l’Union, en veillant à ce que ses politiques soient en phase avec les attentes et les besoins des Européens.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.