L'éco de Marc Tempelman

Les introductions en bourse

©Patrick Weissenberger sur Unsplash Les introductions en bourse
©Patrick Weissenberger sur Unsplash

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour. Je souhaitais vous parler des introductions en bourse. Car figurez vous que ce type d’opérations s’est raréfié. Depuis 2021 le nombre d’introductions en bourse est en chute libre.

Avant de nous expliquer cette baisse, pourriez-vous nous rappeler ce qu’est une introduction en bourse ?

Oui bien sûr. Dans le monde, il existe grossièrement deux types d’entreprises. La plupart ne sont pas cotées en bourse. On dit de ces sociétés qu’elles sont privées. Il s’agit des très nombreuses petites entreprises artisanales, mais aussi de toutes les mutuelles et coopératives. Enfin, il existe quelques très grandes sociétés, comme Légo, Ikea ou encore Mars qui, malgré leur taille restent entre les mains de leurs fondateurs et leurs descendants.

Puis il y a les entreprises cotées en bourse, dont les actions s’échangent librement et tous les jours entre investisseurs, comme par exemple LVMH, l’Oréal ou Total Energies.

C’est quand une entreprise privée décide de lister une partie de ses actions en bourse qu’elle bascule d’un monde à l’autre. Et cela se fait à travers une introduction en bourse.

Pourquoi une entreprise privée voudrait-elle devenir “publique” et s’introduire en bourse ?

Typiquement, cela arrive quand une entreprise est en forte croissance, et qu'elle a besoin de beaucoup de capitaux frais pour poursuivre son développement. Prenons l’exemple d’Apple. La start-up a été créée en 1976 par Steve Jobs et Steve Wozniak, qui ont vendu un minivan et une calculatrice respectivement pour construire le premier ordinateur Apple. Convaincu du projet, un riche homme d’affaires injecte 250 000 Dollars. Apple connaît une croissance folle et passe de quelques centaines de milliers de Dollars à plus de 100 millions de Dollars de chiffres d’affaires. Mais pour accélérer, elle souhaite lever 100 million de Dollars. Ce qu’elle fera en 1980, en s’introduisant au Nasdaq et en vendant des nouvelles actions à des milliers d’investisseurs.

L’avantage pour l’entreprise c’est d’avoir accès à un gigantesque bassin d’investisseurs et donc de capitaux. L’avantage pour les investisseurs c’est d’enfin pouvoir investir dans des sociétés innovantes et en croissance. Pourquoi le nombre de transactions de ce type est-il en si forte baisse ?

Parlons d’abord du côté des propriétaires d’entreprises privées. C’est-à-dire du côté de l’offre.

Pour lever des capitaux, les entrepreneurs disposent aujourd’hui de nouvelles alternatives. Car certains fonds spécialisés et aux poches très profondes s’intéressent au domaine des start-ups et de la tech. Ainsi plusieurs fonds souverains du Moyen Orient, et le fonds Asiatique SoftBank ont à plusieurs reprises démontré qu’ils étaient prêts à investir des centaines de millions de Dollars dans une seule start-up pour financer son développement dans le temps. Pour des entreprises comme Uber, ou WeWork cela a permis de significativement retarder le moment de leurs introductions en bourse.

Deuxièmement, les valorisations des start-ups ont beaucoup baissé ces dernières années. Un fonds qui a investit en 2020 à une valorisation très élevé, ne souhaitera pas introduire sa participation en bourse à une valorisation inférieure. Car cela l’obligerait à cristalliser des pertes comptables.

OK, donc une baisse de l’offre. Et du côté de la demande ?

C’est la même chose. La performance des récentes introductions en bourse laisse à désirer. Les actions de Birkenstock, le fabricant de sandales à la mode, ou encore de d’Instacart, la plateforme de livraison, sont en baisse par rapport aux cours d’introduction. Le principe de chat échaudé craint l’eau froide s’applique, et les investisseurs sont aujourd’hui plus sélectifs.

Pour conclure, qu’est-ce qui pourrait faire redécoller le nombre des introductions en bourse ?

Il est probable que cela sera fera en 2024. Les start-up qui visent les introductions en bourse seront celles qui ont survécu à la traversée du dessert des deux dernières années, et donc les candidats les plus solides.

Du côté de la demande, la baisse des taux devrait pousser les investisseurs à s’intéresser de nouveau aux secteurs d’investissement certes plus risqués, mais aussi potentiellement plus rentables.

N’oublions pas qu’un investisseur qui a acheté des actions Apple à son introduction en bourse, a vu la valeur de son investissement se multiplier par 2000 !