Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’investissement gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, aujourd’hui on va parler de cette expression qu’on entend partout : « le temps, c’est de l’argent ». D’où vient-elle et que veut-elle vraiment dire ?
Bonjour. Cette formule est la traduction de l’anglais « time is money », popularisée au XVIIIe siècle par Benjamin Franklin, qui expliquait à un jeune commerçant que chaque minute passée à ne rien faire représente un manque à gagner. L’idée de base est simple : le temps est une ressource économique au même titre que l’argent, et le gaspiller, c’est s’appauvrir.
Au départ, c’est donc plutôt un slogan d’entrepreneur pressé ?
Exactement. À l’époque industrielle, on mesure le temps de travail presque à la seconde, parce qu’il se transforme directement en revenu. Mais cette intuition va beaucoup plus loin : en finance personnelle, « le temps, c’est de l’argent » veut dire que le temps est le meilleur allié de l’épargnant, grâce aux intérêts composés. Ce n’est pas juste « travailler plus », c’est surtout « laisser travailler son argent plus longtemps ».
Justement, expliquons ce lien avec les intérêts composés. Comment le temps transforme-t‑il quelques économies en capital sérieux ?
Avec les intérêts composés, les intérêts que vous touchez chaque année s’ajoutent au capital, et l’année suivante, vous touchez des intérêts sur ce capital augmenté. Autrement dit, vous gagnez des intérêts… sur vos intérêts. Plus l’horizon est long, plus cet effet boule de neige devient puissant. À court terme, on a l’impression que « ça ne sert à rien », mais sur 20 ou 30 ans, la différence devient spectaculaire.
Vous pouvez donner un exemple concret pour qu’on visualise ?
Bien sûr. Imaginez deux personnes qui investissent la même somme chaque mois, au même rendement. La seule différence, c’est que l’une commence à 25 ans, l’autre à 35 ans. Celle qui a commencé dix ans plus tôt aura souvent un capital final presque deux fois plus élevé, alors qu’elle a versé seulement un peu plus longtemps. Le facteur clé, ce n’est pas le montant génial à un instant T, c’est le nombre d’années pendant lesquelles les intérêts composés peuvent agir.
Donc, pour un investisseur, « le temps, c’est de l’argent », ça veut surtout dire : commencer tôt ?
Absolument. Commencer tôt permet de laisser le temps compenser beaucoup de choses : des montants de départ modestes, des périodes de marché difficiles, voire quelques erreurs de parcours. Quand on retarde trop le moment de se lancer, on perd la ressource la plus précieuse : les années pendant lesquelles le capital aurait pu croître tout seul.
L’autre avantage associé avec un effort d’épargne qui comme à un très jeune âge est qu’on peut se permettre de prendre plus de risque, et donc de viser des rendements moyens plus élevés. Donc petite remarque aux grand-parents qui veulent aider leurs petits-enfants. C’est une super idée, mais ne leur ouvrez pas un Livret A, qui ne rapporte que 1,7% aujourd’hui. Pensez plutôt à des fonds actions diversifiés, que l’on peut loger sur un PEA ou un contrat assurance vie.
Et pour quelqu’un qui nous écoute et qui se dit : « C’est trop tard, j’ai déjà perdu du temps », que lui répondez-vous ?
La première chose, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour arrêter de perdre du temps supplémentaire. On ne peut pas remonter le passé, mais on peut cesser de le reproduire. Ensuite, même si on commence à 40 ou 50 ans, il reste souvent 15 à 25 ans d’horizon, ce qui laisse encore de la place aux intérêts composés, à condition d’être discipliné et réaliste sur le niveau de risque.
En résumé, « le temps, c’est de l’argent », ce n’est pas juste une phrase de manager stressé, mais un vrai principe de gestion de patrimoine ?
Exactement. Derrière la formule, il y a deux messages clés : ne gaspillez pas votre temps, et surtout, ne laissez pas votre argent dormir. Plus tôt vous mettez le temps de votre côté, plus vous donnez aux intérêts composés la possibilité de travailler pour vous. C’est l’une des rares « lois » de la finance où le simple fait de commencer tôt vaut souvent plus que le fait de chercher en permanence le meilleur produit.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.