L'éco de Marc Tempelman

L'inflation expliquée : L'édito de Marc Tempelman

L'inflation expliquée : L'édito de Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux, via son application d’épargne simple & sécurisée. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Quand on parle d’épargne, le sujet de l’inflation est difficile d’éviter. Mais ce n’est pas un sujet très sexy donc je vous promets d’éviter les termes techniques autant que possible, et que notre échange sera très utile pour tous les auditeurs qui veulent faire fructifier leur argent.

Belles promesses. C’est quoi l’inflation, et comment on la calcule ?

L’INSEE définit l’inflation comme “la perte de pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix”. C’est d’ailleurs l’INSEE qui le calcule : chaque mois, ses enquêteurs relèvent plus de 200 000 prix sur un peu plus de mille produits et services spécifiques que l’on considère comme représentatif des achats effectués par la population. Il s’agit du fameux “panier de la ménagère”.

Et ce panier contient quoi exactement ?

La composition du panier est ajustée annuellement afin de tenir compte de l’évolution nos habitudes de consommation. Ainsi les dosettes de café et les lecteurs MP3 ont été rajoutés, au dépens des cassettes vidéo et de l’essence avec plomb. La composition exacte de la liste reste secrète afin d’éviter que quelqu’un puisse manipuler le taux d’inflation. Enfin, les prix sont relevés dans les mêmes points de vente dans 96 agglomérations différentes, toujours dans un souci de cohérence. Sur la base des étiquettes de prix ainsi collectées, l’INSEE calcule la variation moyenne des prix de l’ensemble des produits.

Et c’est donc cette variation qu’on appelle inflation ?

Oui, si cette variation positive et que les prix ont monté, ce qui est le plus souvent le cas. Si la variation est négative, indiquant une baisse des prix, on parle de déflation.

OK super. Quel est le rapport entre l’inflation et mon épargne ?

L’inflation indique par quel pourcentage les prix ont augmenté sur une année donnée (en moyenne). Si l’inflation est de 2% par exemple, cela signifie qu’à la fin de l’année il me faudra €102 pour acheter ce qui m’aurait coûté €100 en début d’année. Donc si j’avais bien €100 en début d’année, et que cette somme n’a pas généré des intérêts de 2% ou plus, alors j’aurais perdu en pouvoir d’achat à la fin de l’année. L’inflation aura rongé ma capacité à acheter des biens ou des services. Soyons concrets. Le taux de l’inflation en 2018 était de 1,85%, donc si mon argent a dormi sur un compte courant sans gagner des intérêts (ce qui est le cas pour les comptes courants chez la plupart des banques françaises), j’aurais perdu ce pourcentage en pouvoir d’achat.
Il est important de noter que ce taux d’inflation dépasse également le taux d’intérêt versé sur les comptes sur livret classiques (typiquement de 0,10%) ainsi que celui versé sur le Livret A (0,75%).

Comment faire pour tuer l’inflation alors ?

Elle est déjà très basse depuis un quart de siècle, fluctuant entre 0% et 2.8% en France. Ce qui est inférieur à ce que l’on a pu connaître aux débuts des années 90 quand l’inflation était supérieure à 3% ou encore par rapport aux débuts des années 80, quand ce taux dépassait les 10% !
Et il faut savoir que l’objectif affiché des politiques monétaires menées par les grandes banques centrales est de maintenir une hausse régulière mais modérée du niveau général des prix. Ainsi, la Banque Centrale Européenne (BCE) se donne pour objectif d’avoir un taux d’inflation de la zone euro à 2% par an environ. Car on estime qu’un niveau modéré d’inflation a des effets bénéfiques sur l’économie : une inflation faible et stable pousse les entreprises à investir et incite les individus à placer leur épargne plutôt que de la conserver sur leurs comptes bancaires. Donc espérer de réduire l’inflation durablement vers un taux proche de zéro n’est pas dans l’air du
temps.

Admettons. Mais comment préserver son pouvoir d’achat alors ?

Voilà la bonne question à se poser. En théorie c’est simple : il faut placer l’argent dont on pense ne pas avoir besoin immédiatement de telle façon qu’il rapporte au moins autant que l’inflation. Dit autrement, si l’inflation est à 2%, alors il faut que l’épargne (nette d’impôts) rapporte au moins autant. C’est dans la pratique que les choses se corsent, car dans l’environnement actuel de taux très bas, ce n’est pas facile de trouver des placements de ce type sans prendre de risques. Et la réponse optimale sera donc différente pour chaque personne selon de multiples critères, incluant les sommes à placer, la durée du placement envisagée, la possibilité de pouvoir disposer de son épargne rapidement ou non, et son appétit au risque.
Mais une chose est sûre, l’inflation aussi faible qu’elle soit, ronge le pouvoir d’achat et doit donc être comprise et prise en compte par toute personne souhaitant mettre de l’argent de côté.