Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour, aujourd’hui, je vous propose de parler de droits d’auteurs et plus spécifiquement de droit d’auteurs d’œuvres musicales de stars de la pop et de rock, comme par exemple David Bowie ou encore Bruce Springsteen.
Je dois avouer que je suis un peu étonné. Quel est le rapport entre David Bowie et la finance, entre Bruce Springsteen et l’investissement ?
Je peux comprendre votre étonnement, mais figurez-vous que les catalogues de ces artistes mondialement connus sont devenus des actifs financiers. Leurs tubes sont très prisés non seulement par les maisons d’édition de musique, mais aussi par les plus grands fonds d’investissements et gestionnaires d’actifs.
Il va nous falloir un peu plus d’explications. Pourquoi des investisseurs institutionnels s’intéressent à des catalogues de musique ?
C’est notamment la conséquence de l’évolution de la façon dont nous consommons de la musique. Les plateformes de streaming, comme Spotify ou Deezer ont radicalement transformé l’échelle de l’industrie de la musique. Il y a beaucoup plus d’écoutes et ces écoutes digitales sont beaucoup plus facilement mesurables et donc facturables. Selon la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique, les revenus engrangés par l’industrie de la musique ont cru de 7,4% en 2020 pour dépasser les 21 milliards de dollars.
Et les propriétaires des droits d’auteur touchent un pourcentage prédéterminé sur les chansons écoutées. Ce qui les rends attractifs pour les investisseurs.
Exactement. Prenons un exemple. Un certain Nathan Apodaca s’est filmé sur son skateboard, sur la bande son de la chanson Dreams de Fleetwood Mac. Sa vidéo est devenue virale sur TikTok et la chanson, vieille de 40 ans, a été téléchargée plus de 230 millions de fois dans les semaines suivant son post. Les membres du groupe Fleetwood Mac ont décidé de profiter de l’occasion, et la chanteuse Stevie Nicks a vendu son répertoire de tubes pour 100 millions de dollars à un fonds d’investissement.
Qui sont ces investisseurs financiers ? Et qu’est-ce qui les attire dans ces droits d’auteur ?
Il y plusieurs types d’acquéreurs qui s’intéressent aux catalogues. Il y a bien sûr les grandes maisons d’édition comme Warner Music ou Sony Music. Mais depuis quelques années, les grands fonds de capital investissement comme KKR ou Blackstone se sont également positionnés dans le secteur. Très récemment, le géant des investissement obligataires Pimco a annoncé s’être associé avec la maison d’édition BMG pour acquérir des droits.
Ce qui attire ces investisseurs sont les flux de revenus très réguliers et croissants que les catalogues de chansons génèrent. Ce sont des revenus comparables à ceux qui pourraient provenir d’une obligation. Sauf que dans l’environnement actuel de taux bas, les obligations ne rapportent plus grand-chose.
Et qu’est-ce qui motive les artistes pour vendre les droits à leurs œuvres ? Et comment sont valorisés ces droits d’auteur ?
Je vais répondre à la seconde question en premier. Les prix payés par les investisseurs pour des catalogues de musique d’un ou plusieurs artistes sont exprimés en multiples des royalties annuelles historiques que ces chansons ont générés. Les acheteurs sont prêts à payer entre 15 et parfois jusqu’à 25 fois ces revenus annuels. Or, rappelez-vous que ces revenus ont fortement augmenté les dernières années, grâce au streaming.
Ce qui explique pourquoi les artistes sont prêts à vendre. La valeur de leurs œuvres s’est massivement accrue. Les descendants de David Bowie ont ainsi reçu 250 millions de dollars pour son catalogue. Bruce Springsteen a empoché plus de 500 millions de dollars pour le sien.
Si ces sommes sont évidemment très impressionnantes, n’oubliez pas que pour y prétendre, il faut d’abord devenir un ou une icône de la musique.
Marc Tempelman au micro de Cécile Dauguet
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