Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Le mécontentement des classes moyennes pour qui le coût de la vie a beaucoup augmenté est une des explications principales de la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles. Son rival, la vice-présidente Kamala Harris, est associée à cette forte hausse. Pourtant, sous le président Biden, l'inflation galopante a été vaincue. Qu’est-ce qui peut expliquer cette contradiction ?
Oui, c’est une question intéressante, surtout que ce scénario se déroule également ailleurs dans le monde démocratique.
En effet, les partis politiques au pouvoir, que ce soit en France, au Royaume-Uni ou encore au Japon ont tous souffert dans les élections récentes, partiellement à cause de la colère des électeurs au sujet de l’augmentation du coût de la vie.
Et il est clair que le sujet de l’inflation va jouer un rôle important dans les élections à venir en Allemagne et au Canada.
Et pourtant vous dîtes que l’inflation, très élevée en 2022 à été plutôt rapidement maîtrisée ?
Oui. Les banques centrales ont pour objectif d’avoir un taux d’inflation autour de 2% et pour la moitié des pays de l’OCDE nous y sommes à nouveau. C’est notamment le cas en France, en Italie mais aussi au Royaume-Uni et au Canada.
Mais ce n’est pas ce que ressentent les consommateurs.
Qui estiment clairement que le coût de la vie a fortement augmenté. Ont-ils raison ?
Absolument. Dans les pays de l’OCDE, les prix des biens ont en moyenne augmenté de 30% depuis la fin de l’année 2019, quand l’inflation s’est mise à croître rapidement, suite à la crise sanitaire et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Pire, ce pourcentage atteint 50% si l’on considère uniquement les prix de la nourriture.
Or, les consommateurs ont tendance à se souvenir des prix du passé de certains biens, comme le prix de la baguette, du beurre, du paquet de pâtes ou encore de la bouteille d’huile d’olive.
Certains économistes estiment que cela prend au moins 18 mois pour les consommateurs de s’habituer à un nouveau prix.
Et le sentiment de forte hausse des prix est sans doute aussi accentué par le fait que dans les décennies précédentes nous avons connu une inflation très basse, et même nulle par moments. On ne se souvient plus de périodes où les hausses de prix étaient régulières. Ce qui renforce le sentiment d’injustice, qui peut se transformer en colère contre les dirigeants en place.
Pourtant les salaires ont également augmenté durant la période inflationniste.
Oui, mais cela n'enlève rien au mécontentement ressenti. Pour deux raisons. Premièrement, la hausse des revenus n’a pas tout à fait compensé la hausse des prix. Mais surtout, plusieurs analyses montrent que les populations concernées estiment avoir travaillé et s’être battues pour les augmentations de salaires, alors que la hausse des prix leur a été imposée. Dit autrement, les travailleurs pensent avoir le contrôle sur les revenus et être responsables de leur augmentation, alors que la hausse des prix est due à des facteurs externes.
La hausse des prix devient donc une arme politique que les partis de l’opposition utilisent un peu partout.
Exactement. Prenons le cas de l’Allemagne, où l’extrême droite et l’extrême gauche déploient cet argument avec grand succès. Selon les derniers sondages, les deux partis devraient récupérer un quart des votes. Ce qui serait un record pour eux. Et alors que 44% des Allemands s’inquiètent de pouvoir maintenir leur niveau de vie actuel, parmi les soutiens des deux partis ce taux monte à plus de 3 électeurs sur 4.
Au Canada, c’est pareil. Le leader de l’opposition, Pierre Poilièvre, utilise la crise du coût de la vie contre le Premier ministre actuel, Justin Trudeau. Alors que l’inflation n’y est que de 1,6%, la tactique semble fonctionner. Pour un peu plus du tiers des Ca
Une interview réalisée par Laurence Aubron.