Cette semaine, avec Marc Tempelman nous parlons de la reprise de l’économie française, stimulée par la sortie de crise sanitaire.
Oui, je souhaitais aborder avec vous le sujet de la croissance économique de notre pays, qui sera sans doute très forte dans les trimestres à venir, sous l’effet du dé-confinement et du retour à la vie normale. Et cela notamment à la lumière d’un rapport très fouillé publié par l’OFCE, l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques dans lequel il détaille ses perspectives économiques pour l’année en cours et 2022.
Commençons peut-être par le point de départ. Quel constat l’Observatoire fait-il sur l’impact économique de la crise sanitaire ?
Le constat de départ est sans appel. Au premier semestre 2020, l’économie mondiale a été plongée dans une violente récession à cause des mesures de confinement restrictives imposées sur tous les continents. Par rapport à l’année 2019, très peu de pays ont subi une baisse de l’activité inférieure à 4%, la France a vu son activité chuter de presque 10%. Il s’agit d’un véritable effondrement, sans égal depuis la Seconde Guerre mondiale.
Avant de parler de leurs pronostics pour 2022, comment a débuté 2021 ?
Au premier trimestre de cette année, on doit maintenant distinguer entre les pays les plus avancés en termes de vaccination, comme les États-Unis ou certains pays Asiatiques, et ceux qui ont subi des vagues de nouveaux variants des virus. L’activité a repris dans les premiers, alors qu’elle s’est contractée à nouveau dans des pays comme le Japon, l’Inde, la Corée du Sud ou encore l’Allemagne et l’Italie, qui ont dû durcir les mesures de confinement au début de l’année.
Il y a tout de même deux bonnes nouvelles. Tout d’abord, nous avons su nous adapter à la présence du virus et le travail à distance et le click-and-collect ont permis d’atténuer l’impact négatif des différentes formes de re-confinement. Ensuite, les campagnes de vaccination massives du 2nd trimestre permettent d’envisager une immunité collective dans le courant de l’année et une réouverture totale des commerces dans le courant de l’été. Dit autrement la crise économique a été profonde mais – probablement – de courte durée.
Et cela suffira-t-il pour faire repartir la croissance économique en France ?
Oui, et même très fortement, car nous partons de plus bas. Car cette crise économique se distingue non seulement par sa sévérité et sa soudaineté, mais aussi par l’ampleur de la récupération et de son rebond. Si le calendrier du dé-confinement progressif est tenu, nous pouvons nous attendre à une croissance du Produit Intérieur Brut de 5% environ en 2021. Si cette hypothèse se réalise, cela permettrait à l’économie française d’atteindre un niveau d’activité inférieur de 1% au niveau observé au dernier trimestre de 2019. Dit autrement, cela nous permettrait de presque revenir au niveau d’avant COVID à la fin de cette année.
Et cette forte croissance viendrait-elle des consommateurs, qui retourneraient massivement dans les magasins, au cinéma et dans les bars, ou des investissements faits par les entreprises, qui voient de nouveau leurs perspectives s’améliorer ?
Les deux ! Selon l’étude conduite par l’OFCE, la consommation des ménages augmentera de 4% et l’investissement de 7%. Et c’est la combinaison des deux facteurs qui conduirait à ce rebond économique de 5%.
Et c’est probablement sur ce point que les auteurs du rapport insistent le plus. Car pour 2022, beaucoup dépendra de l’utilisation ou non de l’épargne forcée que les Français se sont constituée durant la crise sanitaire.
Ah oui, ce sont les fameux 120 milliards d’euros que les ménages français ont mis de côté en plus de leur épargne habituelle, c’est bien cela ?
Tout à fait. Et pour faire ses pronostics pour 2022, l’Observatoire a analysé deux scénarios. Un premier dans lequel l’épargne COVID reste de côté et un second dans lequel 20% de cette sur-épargne est dépensé par les ménages pour faire des achats de tout type. On voit bien que dans le second scénario, la relance économique sera plus forte, car soutenue par une masse de quelques dizaines de milliards d’euros de consommation supplémentaire.
Et à quelles conclusions arrivent-ils ?
Eh bien, dans le scénario de désépargne en 2022, la croissance du PIB français atteindrait 6% et le taux de chômage se stabiliserait à 8,7%. Le déficit public serait de 4,6%. Enfin, la dette publique tomberait de 118% à 115% du PIB.
Dans le scénario alternatif, la croissance du PIB ne serait que de 4,3%, le taux de chômage dépasserait les 9%, le déficit public serait de 5,4% et la dette publique baisserait à peine pour atteindre 117% du PIB.
Cashbee est une application d’épargne, nous aidons les épargnants à mettre de côté, mais il est clair qu’il faut bien qu’une partie de la sur-épargne retrouve le chemin de l’économie réelle, afin de favoriser la relance !
Laurence Aubron - Marc Tempelman
Chaque semaine, nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons avec lui de finance.
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Image par Gerd Altmann de Pixabay