L'éco de Marc Tempelman

L’inflation : transitoire ou permanente ? - L'éco de Marc Tempelman

L’inflation : transitoire ou permanente ?   - L'éco de Marc Tempelman

Cette semaine, avec Marc Tempelman nous parlons du retour possible de l’inflation.

Tout à fait. Les marchés ont connu une semaine volatile la semaine dernière à cause d’un phénomène très largement ignoré depuis le début du siècle… l’inflation. Or, l’inflation pourrait être en train de faire son retour, à commencer par les États-Unis, ou les prix à la consommation ont augmenté de 4,2% selon les derniers relevés. Soit le taux le plus élevé depuis 1982 !

J’imagine que la sortie de crise explique très largement ce fort taux de croissance de l’inflation aux Etats-Unis.

Tout à fait. Une remontée de l’inflation était attendue. D’abord parce que l’inflation a été très largement absente depuis des années, que ce soit aux USA ou encore en Europe. Et la crise de la COVID n’a fait que contribuer à une maîtrise voire même une baisse des prix. Notamment pour les matières premières. Parce qu’avec une économie mondiale confinée, la demande pour le pétrole, le métal ou encore le cuivre a naturellement fortement baissée.

Donc il fallait s’attendre à un rebond des prix, accompagnant la reprise de l’activité économique.

Mais je comprends que le chiffre publié de 4,2% en a surpris plus d’un par son ampleur. 

Oui, en effet. Les analystes avaient tablé sur un niveau déjà impressionnant de 3,6%. Je vous rappelle que l’objectif des grandes banques centrales est de viser une inflation de 2% environ, objectif qu’elles n’ont pas réussi à atteindre ces dernières années. 

Un taux de 4,2% commence à faire douter certains acteurs de marché sur le discours officiel de la Federal Reserve Bank américaine, qui a prévenu qu’une hausse des prix était à anticiper, mais que celle-ci serait transitoire. Or il est difficile de s’imaginer qu’une hausse des prix aussi forte soit temporaire.

Expliquez-nous la différence entre l’inflation temporaire et l’inflation plus permanente.

Soit la hausse des prix n’est que le reflet d’un phénomène de courte durée. Pendant quelques mois, de nombreuses sociétés font les mêmes commandes, de bois, de métal, de cuivre et j’en passe. Une fois le pic de demande passée, le prix de ces matières premières se stabiliserait. Et les banques centrales pourraient continuer à stimuler la relance économique en gardant les taux directeurs très bas.

Soit la hausse des prix se généralise et s’installe durablement. Les sociétés qui achètent des matières premières à des tarifs de plus en plus élevés doivent augmenter à leur tour le prix des produits qu’ils fabriquent. À court de main d’œuvre, elles devront aussi augmenter les salaires pour attirer de nouveaux employés et garder ceux qui sont là. Et là, on rentre dans une nouvelle ère, après des décennies de taux bas et d’inflation faible ou nulle. Les banques centrales n’auront plus le choix, elles devront faire monter les taux.

Et qu’est qui fait craindre que nous pourrions être dans le second scénario ?

Plusieurs signaux sont mis en avant par ceux qui craignent une hausse durable de l’inflation. Prenez le marché des semi-conducteurs. Il en manque tellement que les fabricants d’automobiles n’arrivent plus à produire suffisamment de voitures neuves. Conséquence : aux États-Unis, les prix des voitures d’occasion ont grimpé de plus de 10% en avril. 

Dans le domaine de l’emploi, certaines grandes enseignes, comme McDonald ont annoncé une hausse des salaires minimums versés aux employés. 

Dernière statistique illustrative, les analystes financiers de Bank of America ont noté que l’usage du mot « inflation » a augmenté de 800% dans les annonces des résultats trimestriels des grandes sociétés cotés. Ce qui tend à souligner que de plus en plus de dirigeants d’entreprises se soucient de ce phénomène.

Bon d’accord, l’inflation pourrait donc faire son retour. Qu’elles en seraient les conséquences ?

Je ne peux toujours pas prédire le futur. Mais si l’inflation s’installe, la situation pourrait devenir inconfortable pour les épargnants. En effet, depuis des années ils ont pu s’habituer à des taux d’intérêt en baisse, ce qui était favorable aux prix des obligations. Par ailleurs, cela a permis aux entreprises d’investir à faible coût, ce qui a donc stimulé le marché actions.

À contrario, dans un environnement où l’inflation forte s’installerait dans la durée, nous pouvons craindre une hausse des taux d’intérêt, ce qui entraîne une baisse des prix obligataires. Mais qui pèserait aussi sur les marchés actions, puisque le coût de financement des sociétés aura augmenté.

Aïe. Alors pour finir sur une note positive, quels placements peuvent protéger l’épargne dans un environnement inflationniste ?

Premièrement, je tiens à rappeler que nous n’en sommes pas encore là, et que toutes les statistiques que j’ai partagées concernaient les États-Unis. Néanmoins dans le passé, les investissements en matières premières et en or ont pu protéger contre l’inflation, tout comme les obligations dont la rémunération est indexée sur l’inflation.

Laurence Aubron - Marc Tempelman

Chaque semaine, nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons avec lui de finance. 

Toutes les éditos de Marc Tempelman sont à retrouver juste ici

Image par Gerd Altmann de Pixabay