Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
L’or vient de franchir la barre symbolique des 4 000 dollars l’once, en hausse de plus de 50% cette année. C’est bien. Mais saviez-vous que les actions des sociétés minières cotées se sont envolées de plus de 120% de hausse en moyenne ? Je pensais que nous pouvions discuter de ce phénomène aujourd’hui.
Très bien. Comment expliquez-vous cette surperformance des actions aurifères par rapport au métal lui-même ?
La dynamique est fascinante. La performance supérieure des actions minières, c’est avant tout une question d’effet de levier opérationnel et financier. Derrière ce jargon financier, la mécanique n’est pas si complexe. Les coûts de production pour extraire de l’or des mines sont largement fixes – que ce soit pour l’équipement, l’énergie ou la main d’œuvre. Du coup, quand le prix de l’or grimpe, cette hausse se traduit quasi intégralement dans les bénéfices nets des sociétés aurifères. L’effet de levier joue donc à plein, avec une rentabilité parfois double par rapport à la performance du métal.
Vous dites que lorsque le cours de l’or monte, l’effet sur la profitabilité des sociétés minières est décuplé ?
Exactement. Surtout que les grands acteurs miniers sont aujourd’hui en excellente santé financière. Grâce à un cours de l’or qui est à son plus haut historique, à plus de 4 000$ l’once, ils génèrent désormais des flux de trésorerie significatifs et peuvent verser des dividendes conséquents, financer des rachats d’actions, tout en investissant pour l’avenir. Pour les investisseurs, cela représente une rare combinaison d’exposition à l’or et de rendement actionnarial attractif.
Pouvez-vous brièvement revenir sur les facteurs qui ont soutenu les cours de l’or récemment ?
Bien sûr. La conjugaison de plusieurs facteurs a stimulé le cours de l’or, dont notamment une inflation persistante, particulièrement aux États-Unis, la faiblesse relative du dollar, rendant l’or attractif pour les investisseurs internationaux, des risques géopolitiques majeurs, de l’Ukraine à Taiwan en passant par Gaza, et le désir affiché de dédollarisation des banques centrales dans le monde. Tout cela nourrit la demande pour l’or comme valeur refuge.
À l’heure où l’or évolue à un sommet historique et où les actions minières survolent le marché, est-il toujours pertinent de s’exposer à cette thématique ?
Il nous semble pertinent d’allouer une modeste partie d’un portefeuille de placements à l’or, surtout dans un contexte incertain. Les sociétés minières, avec leurs bilans assainis et leur levier opérationnel, peuvent prolonger leur surperformance si les conditions restent favorables. Mais attention à privilégier la diversification, via des fonds spécialisés, pour éviter les risques liés à un seul titre. Pour l’or physique, je préfère les fonds ou ETF répliquant le cours de l’or à l’achat d’or en direct, qui entraîne des coûts de stockage et des risques de sécurité.
Investir dans les mines d’or, c’est plus risqué que d’acheter de l’or physique ?
Oui, parce que la volatilité des actions minières peut être plus forte que celle de l’or, et les sociétés restent soumises à des événements propres, comme des décisions de gestion, des incidents géopolitiques ou des coûts inattendus. Par ailleurs, le levier peut fonctionner dans les deux sens. Les entreprises aurifères surperforment à la hausse, mais peuvent dégringoler plus vite en cas de correction sur le cours de l’or.
Dernière question : pour celles et ceux qui hésitent à investir au plus haut, une stratégie comme le Dollar Cost Averaging est-elle pertinente pour entrer progressivement sur l’or ou ses mines ?
Oui, investir en or de façon progressive dans le temps est une excellente façon de limiter les risques liés au timing. Investir une somme donnée tous les mois pendant plusieurs mois, permet de lisser le prix d’achat et de mieux maîtriser la volatilité. Mais comme toujours, l’investisseur doit analyser ses objectifs, sa capacité à résister aux fluctuations et la part qu’il souhaite allouer à cette classe d’actifs.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.