L'éco de Marc Tempelman

Les GRANOLAS

©Johz Dizon sur Unsplash Les GRANOLAS
©Johz Dizon sur Unsplash

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour. Je vous propose d’échanger aujourd’hui au sujet des GRANOLAS. Je ne parle pas ici de muesli ou de graines, mais de l’acronyme que des financiers ont inventé pour désigner la poignée d’entreprises européennes qui tirent la bourse vers le haut.

Très bien, alors qui sont ces fameux GRANOLAS ?

Il s’agit de GSK et Roche, deux sociétés pharmaceutiques suisses. Puis de ASML, le producteur de semiconducteurs néerlandais. Le N de GRANOLAS représente trois entreprises : les suisses Nestlé et Novartis, ainsi que Novo Nordisk, le géant pharmaceutique danois. Le O et le L sont pour L’Oréal et LVMH respectivement. Le A est celui d’AstraZeneca au Royaume-Uni. Pour finir, le S fait référence à la société de logiciel allemande SAP et à l’entreprise pharmaceutique Sanofi.

Donc 11 grandes sociétés européennes dont la performance boursière représente 50% de la hausse de l’indice Eurostoxx 600 sur les douze derniers mois.

Juste pour bien comprendre. Cela signifie que la hausse des cours de bourse de cette poignée d’entreprises représente à elle seule la moitié de la performance de la totalité de la bourse en Europe ?

Tout à fait. La valeur des actions de ce groupe de sociétés cotées s’est appréciée de 18%, ce qui est bien plus que l’appréciation de 7,5% de l’indice dans son ensemble, qui regroupe les 600 plus importantes entreprises européennes.

Cette concentration de performance ressemble beaucoup à celle de la bourse américaine, qui est notamment tirée par les géants de la tech.

Exactement. Vous faites bien de faire allusion au pendant américain des GRANOLAS, les fameux Magnificent Seven. Ce terme de “sept magnifiques” regroupe Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Tesla, Meta et Nvidia.

Des deux côtés de l’océan, les leaders de la bourse prennent un poids proportionnellement de plus en plus important au sein de leurs indices de référence. Les GRANOLAS représentent aujourd’hui le quart de l’indice Eurostoxx 600, les sept magnifiques pèsent pour 28% dans le S&P 500.

Mais il me semble que les GRANOLAS sont plus diversifiés que les sept magnifiques.

Oui, absolument. Là où les Sept Magnifiques sont toutes des sociétés technologiques, les leaders européens incluent des mastodontes technologiques, comme ASML, mais aussi des leaders du luxe, comme LVMH, de la pharmacie comme Sanofi ou encore l’agro-alimentaire, comme Nestlé.

Quelles autres différences pouvons-nous souligner entre les deux groupes ?

Si la trajectoire haussière des deux groupes est similaire, la valeur des sociétés américaines ensemble écrase celle des entreprises européennes. Les GRANOLAS valent 3 trilliards de dollars, alors que les sept magnifiques ont une valeur combinée de 13 trilliards de Dollars.

Faut-il s’inquiéter de cette concentration des indices boursiers ?

Pas nécessairement. Les actions des GRANOLAS s’échangent, en moyenne à des multiples de 20 fois les bénéfices anticipés, ce qui n’est pas particulièrement élevé. Les entreprises affichent toutes de bilans et de marges solides, et continuent d’investir lourdement pour innover.

En outre, l’investissement passif via des trackers stimule mécaniquement les flux vers les plus grandes capitalisations boursières. Donc plus les GRANOLAS pèseront lourdement au sein de l'indice, plus elles vont attirer les flux financiers entrants des investisseurs.

Mais cela ne signifie pas que la hausse des cours des GRANOLAS est vouée à se prolonger à l’infini. Si leurs résultats financiers ne sont pas au rendez-vous, les cours des actions des GRANOLAS chuteront, comme n’importe quelle autre entreprise qui déçoit ses actionnaires.