Tous les ans, la Specque, acronyme de Simulation du Parlement européen Canada-Québec-Europe, organise comme son nom l’indique, une simulation du Parlement européen, tantôt au Canada, tantôt en Europe. En 2024, année d’élections européennes, c’est à Québec qu’aura lieu la Specque. En 2023, elle s’est déroulée à Luxembourg. Pour en parler aujourd'hui, Euradio a reçu Ugo Jorion, étudiant à Sciences Po Lille et coordinateur de la délégation lilloise de la Specque.
Euradio : Ugo Jorion, pour commencer, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'est la Specque, comment elle est née ?
U.J : La Specque est née en 1998. C'est une simulation du Parlement européen, organisée par une association franco-canadienne. La Specque à lieu tous les ans, en Europe ou au Canada. En 2023, elle s'est tenue à Luxembourg, en 2024, ce sera à Québec. C'est une simulation apolitique, c'est-à-dire que les participants peuvent choisir le parti qu'ils souhaitent représenter. La simulation est 100 % francophone. Les participants viennent principalement de France, de Belgique. Certains viennent aussi de lycées français au Maroc par exemple. Le but de la Specque est aussi de montrer que l'Europe intéresse les jeunes, car dire que les jeunes se désintéressent de l'Union européen est un préjugé assez répandu. Or, nous avons des participants qui viennent d'un peu tous les milieux, beaucoup ont des formations en droit ou en sciences politiques, mais il y a aussi des ingénieurs par exemple.
Euradio : Et pourquoi avoir choisi de mener ce projet avec le Canada, alors que ce n'est pas un pays européen ? Il y a au Canada un lien particulier avec l'Europe ?
U.J : Ce qui nous lie surtout, c'est la promotion de la francophonie. L'idée c'est aussi de dire que l'Union européenne est une communauté de valeurs, dans laquelle les Canadiens peuvent se retrouver.
Euradio : Justement, quelles valeurs vous souhaitez véhiculer à travers la Specque ?
U.J : Des valeurs d'inclusion, avec des participants venus de tous les horizons, aussi des valeurs environnementales. Pour la Specque 2023 nous avons par exemple travaillé sur l'approvisionnement énergétique. On aborde les questions d'asile et d'immigration. Pour 2024, il y aura une commission sur la relance du transport ferroviaire en France et en Europe, avec par exemple la relance du train de nuit. Il s'agit aussi de parler du Parlement européen en tant qu'instance démocratique.
Euradio : Chaque année, il y a environ 200 participants à la Specque, c'est ouvert à quel type de public ?
U.J : Il y a beaucoup d'étudiants mais c'est ouvert à toutes les personnes entre 18 et 35 ans. C'est ce qui est intéressant à la Specque, certains participants sont déjà insérés dans le milieu professionnel, ou ont des expériences au sein du Parlement européen. C'est ça aussi la valeur ajoutée de la Specque : rencontrer des personnes que nous n'aurions sûrement pas croisées dans un autre contexte.
Euradio : Pour en venir plus concrètement à la Specque, comment elle se déroule ?
U.J : La Specque dure une semaine, fin juillet. Les premiers jours, les participants sont en commission. Comme au Parlement européen, on discute les textes au sein de nos commissions. Et dans un second temps, la discussion se fait à l'échelle du Parlement. Il y a aussi une simulation du Conseil européen, avec la reproduction des trilogues. A tout cela, on ajoute le rôle des lobbyistes, et celui des journalistes, qui sont très importants au Parlement européen.
Euradio : Est-ce que vous êtes en lien, plus ou moins étroit, avec le Parlement européen ?
U.J : La Specque est placée sous le haut patronage du Parlement européen. Le premier jour de la Specque, des eurodéputés viennent nous parler de leur expérience et nous montrer à quel point c'est important de faire vivre le débat démocratique chez les jeunes de l'Union européenne.
Euradio : La Specque 2024 se déroulera donc à Québec. Comment vous financez ce voyage ?
U.J : Déjà, nous avons une aide des universités. Nous sollicitions aussi les Fonds européens pour la jeunesse, le Fonds social européen. Et nous avons aussi une aide des organismes publics comme la ville de Lille. Cela permet de montrer que la Specque permet aussi de faire rayonner la ville de Lille à l'échelle européenne. Par exemple, l'année dernière, la délégation lilloise a remporté le prix de la meilleure délégation.
Euradio : Au moment de la Specque 2024, les élections européennes seront déjà passées. Est-ce que c'est tout de même un enjeu pour vous d'organiser cette Specque en pleine année électorale ?
U.J : La Specque 2024 prend un peu une résonnance particulière du fait des élections européennes. En juillet, la composition du Parlement européen aura changé. Pour l'instant nous travaillons sur des textes sur les transports ou le droit d'asile, mais on ne sait pas ce qu'il en sera en juillet. Mais ce qui est certain est que cette Specque est d'autant plus importante qu'on voit que la participation électorale des jeunes baisse d'année en année. Et donc l'objectif de la Specque, c'est aussi de reconquérir les jeunes qui sont parfois éloignés de la politique européenne, et de leur montrer qu'elle influe vraiment sur leur quotidien.