Un an après le début de l'invasion russe en Ukraine, la ville de Lille a rendu hommage aux Ukrainiens aujourd'hui. Elus et habitants se sont retrouvés en fin de matinée sur le pont de Kharkiv, ville jumelée avec Lille.
Depuis le début de la guerre, la ville de Lille a accueilli 950 réfugiés ukrainiens. Certains ont pu rentrer chez eux, d'autres sont toujours à Lille.
La Ville de Lille, mobilisée depuis un an pour les Ukrainiens et sa ville jumelle Kharkiv lance un nouvel appel aux dons, avec la Fondation de Lille.
Ce soir était projeté à Lille le film documentaire "Marioupol, l'espoir n'est pas perdu". Le récit de trois femmes et deux hommes, qui vivaient à Marioupol pendant le premier mois de l'invasion. Ils racontent ce qu'ils ont vu et ressenti, comment ils ont pris des décisions en pleine guerre.
Le sujet a été construit sur la base des notes prises sur le terrain par la journaliste Nadya Sukhorukova, habitante de Marioupol, restée sur place les premières semaines de l’invasion russe. Ce documentaire est sorti le 24 août 2022, jour des célébrations de l’indépendance de l’Ukraine. Réalisé par Max Lytvynov, sur une idée de Tala Prystaetska et produit par l’Organisation des Producteurs Ukrainiens, Volodymyr Borodiansky et Iryna Plakhotniuk, ce film est soutenu par le Ministère des Affaires Etrangères de l'Ukraine.
Stéphane Dalmat s'occupe de la diffusion du film en France, projeté pour la première fois à Lille. Il a pris le temps juste avant la projection de nous parler de ce film.
Stephane Dalmat, quand le film "Marioupol, l'espoir n'est pas perdu" est-il sorti ?
C'est un film qui est sorti fin août l'année dernière, dans le cadre d'un concept mondial que souhaitait le producteur Volodymyr Borodiansky, à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine le 24 août 1991. Il souhaitait le diffuser dans 40 villes à travers le monde, que ce soit aux États-Unis, au Canada, en Angleterre, en Australie, au Japon. Avec un objectif bien précis, que ces 40 villes, soient à l'image de Marioupol : à savoir une zone portuaire très importante du pays, et une ville martyre.
C'est pour ça que la première diffusion en France, s’est déroulée au Havre, puisque c'était une ville martyre, avec les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, et c'était un grand port. A la suite de cette diffusion qui s'est très bien passée, on s'est dit pourquoi ne pas développer au niveau national sa diffusion.
Il est donc présenté ce soir à Lille. Évidemment, on est aujourd'hui le 24 février, jour anniversaire du début de l'invasion russe en Ukraine. Qu'est-ce que raconte ce film ?
En voyant ce film, j'ai été vraiment “scotché” comme on dit. Le film raconte l'histoire de rescapés de Marioupol, des gens simples comme vous, comme moi.
C’est une œuvre documentaire parce qu'avec des images simples, avec des commentaires simples, Max Lytvynov a réussi à nous faire chavirer. La fin est somptueuse. Je ne sais plus combien de fois j'ai vu ce film et chaque fois à la fin je me fais piéger encore. J'ai les larmes aux yeux. C'est vraiment une œuvre cinématographique.
Est-ce que quand on a vu ce film, à la fin, effectivement, on peut dire avec le réalisateur que l'espoir n'est pas perdu à Marioupol ?
Alors oui, l’espoir n’est pas perdu, parce que les Ukrainiens sont un peuple formidable. Ils ont toujours la foi, c'est vraiment un exemple pour le monde entier. On ne peut avoir que de l'admiration.
C'était important pour vous de présenter ce film à Lille, ville jumelée avec Kharkiv ?
Oui, absolument. En fait, quand la ville de Lille m'a dit, il y a quelques semaines, qu’elle souhaitait intégrer la projection du film dans les commémorations officielles, j'ai été très honoré. C'est un beau cadeau pour l'équipe de bénévoles qui travaille autour de la diffusion de ce film.
Stéphane Dalmat, cette projection est suivie d'un débat, c'est cela ?
Voilà, mon amie ukrainienne Olga est avec moi pour assurer le débat, c’est une responsabilité. Je suis très fier aussi de le faire. Diffuser le film et puis chacun rentre chez soi, ça ne m'intéresse pas vraiment. Ce qui m'intéresse c'est le partage, c'est l'échange.
Ce film inspire beaucoup, pose beaucoup de questions, on a envie de s'exprimer après avoir vu ces images-là. On ne peut pas rester insensible, c'est impossible. Il y a de l'émotion à la fin. Lorsque la lumière se rallume, je laisse toujours un silence, parce que je sens une atmosphère lourde et que le public a besoin de digérer ce qu'il a vu. Et après il a besoin de s'exprimer.
Ce n'est pas violent. Le film n'est pas trash, il n’y a pas d’images de mort, pas d’images de sang. Max Lytvynov le réalisateur, m’a dit, j'en ai des kilomètres, mais je ne veux pas les mettre parce que c'est trop facile et je veux faire travailler l'imagination. C'est pour ça que ce film est artistique. D'autant plus qu'il a intégré dans le scénario, et ça, c'était une idée de génie, le déroulé de la création d'un tableau sur Marioupol, avec des couleurs qui correspondent aux séquences du film au fur et à mesure que le film s'enchaîne.
Il y a un espèce de va et vient entre le tableau, la création du tableau, les témoignages des images réalistes, tournées par des journalistes restés sur place. En fait, c'est l'histoire des premières semaines de l'invasion de Marioupol par les envahisseurs et les gens étaient encore là. Tous n'ont pas fui. Ils défendaient leur ville et après ils ont été pris au piège et toute la difficulté a été de sortir.
En vous écoutant, on comprend que c'est un film fort en contenu et également très beau en esthétique. Vous nous donnez vraiment envie de le voir. Il est donc ce soir à Lille. Est-ce que d'autres villes en France vont pouvoir également voir ce film dans les prochaines semaines ?
Oui, absolument. Il y a un petit calendrier qui se construit de jour en jour, de semaine en semaine. On va aller en Normandie dans deux semaines. L' Université de Caen nous accueille, avec un public composé uniquement d'étudiants et d'enseignants. Je suis très impatient d'aller là-bas parce que présenter ce film aux jeunes générations, pour moi c'est aussi important.
Entretien réalisé par Cécile Dauguet