Dans cette chronique, Nathalie Richard, coach et facilitatrice en transition intérieure et gardienne d’un écolieu dans le finistère tente de démystifier un sujet aussi mal compris qu’oublié : la spiritualité.
Je vous ai introduit la semaine dernière ce que je voulais dire par révolution spirituelle mais il me semble important avant d’aller plus loin de préciser les termes.
De quoi parle-t-on au juste quand on parle de spiritualité ?
Car je ne sais pas pour vous mais définir ce sujet est loin d’être une simple formalité.
Alors par où commencer ?
Larousse et petit Robert à la rescousse svp !
Commençons par aller voir ce que nos dictionnaires nous indiquent :
Spiritualité :
1. PHILOSOPHIE : Qualité de ce qui est esprit, de ce qui est dégagé de toute matérialité.
2. RELIGION : Croyances et pratiques qui concernent la vie de l'âme, la vie spirituelle.
Il me semble déjà intéressant de constater qu’il existerait 2 angles, 2 versions.
L’une qui souligne l’existence d’un monde invisible – dégagé de toute matérialité - l’autre qui nous renvoit vers les croyances et la religion.
Ne serait-ce pas pertinent donc de distinguer Religion et Spiritualité ?
Tout à fait !
En particulier quand on sait les horreurs commises au nom des différentes religions à travers le monde en son nom. Aussi le mot spirituel amalgamé à la pratique religieuse est devenu un gros mot et génère une grande défiance en France en particulier.
Mais n’aurions-nous pas jeté le bébé avec l’eau du bain ?
Thierry Jansen chirurgien devenu psychothérapeute, auteur de nombreux ouvrages sur la spiritualité en parle très bien :
Les religions sont des ensembles de croyances et de dogmes (accompagnés de rites) définissant le rapport de l’humain avec le sacré. MAIS, elle n’est pas le rapport de l’humain au sacré.
Les religions sont des créations du mental et donc soumises aux volontés humaines de les imposer.
La spiritualité elle est un sentiment intense, une intime compréhension de l’esprit des êtres et des choses, du leur spiritus qui montre le chemin, qui inspire la vie.
Ce n’est pas quelque chose que l’on peut démontrer, analyser,
c’est quelque chose qui ne peut QUE se vivre.
C’est ce que l’on appelle une expérience mystique, c’est-à-dire qui a trait au mystère.
Au mystère de la vie.
Alors y a-t-il un lien entre religion et spiritualité ?
Oui !
En réalité, toute religion commence par une expérience mystique, par une compréhension immédiate et directe de la réalité. C’est ce que l’on appelle une illumination, un éveil. Ce qui révèle la partie la plus profonde de nous que l’on peut appeler l’être, la conscience ou encore si ça vous parle le divin en nous.
En d’autres termes, c’est l’accès à la sagesse…C’est ce qu’auraient vécu le Boudha, Jésus, Moise…etc
Mais pourquoi cette expérience arrive, comment et à qui ? Ca, on ne le sait pas.
La religion elle tente par des règles et des dogmes de reproduire cette sagesse. Mais la religion est une création culturelle. C’est comme si la spiritualité était l’essence et la religion la mise en forme sociétale via des croyances.
En somme, il ne peut exister de religion sans spiritualité mais la spiritualité n’a pas besoin de religion pour exister ni même pour se vivre et se cultiver.
En quoi serait-ce important aujourd’hui de réinvestir la spiritualité ?
Aujourd’hui nous devons reparler de spiritualité pour nous re connecter au sens de la vie.
Car nous l’avons quitté et c’est ce qui explique l’absurdité de notre modèle de société aujourd’hui.
Nous sommes dans une société très dé spiritualisée,
une société qui a perdu son nord magnétique,
réfugiée dans la séparation, le mental et le petit moi.
Pourtant, il existe une spiritualité non religieuse faite d’expérience de silence, de contemplation et de reliance au vivant.
Un accès direct - sans dogme ni règles - à une paix intérieure, à une écoute des murmures de la vie pour nous montrer le chemin et mettre nos existences au service de plus grand que soi.
Peut-être, une réponse à l’urgence, avant que tout ne soit détruit.
Une interview réalisée par Laurence Aubron.