Révolution spirituelle

Les souhaits

Les souhaits

Dans cette chronique, Nathalie Richard, coach et facilitatrice en transition intérieure et gardienne d’un écolieu dans le Finistère, tente de démystifier un sujet aussi mal compris qu’oublié : la spiritualité.

Cette semaine Nathalie vous nous proposez de nous pencher sur nos souhaits.

Exactement. Nous sommes en janvier, le mois des nouveaux départs, des bonnes résolutions n’est-ce pas ?

Et vous avez remarqué, en général, ben, ça ne marche pas.

Ca tient quelques jours, quelques semaines tout au plus et puis ça s’en va.

Résultat, c’est devenu plutôt ringard de parler de résolutions.

Et pourquoi ça ne marche pas ?

Et bien tout simplement parce que les résolutions supposent un effort.

Et des efforts pourquoi pas,

mais s’il n’y a pas de désir, de joie, faire des efforts dans la durée ça ne tient pas.

Pour autant, il y a de l’idée derrière cette nouvelle année,

derrière le fait d’honorer ce passage vers quelque chose de nouveau.

Donc oublions les résolutions, j’ai une autre version !

Et quelle est-elle Nathalie ?

Cette version je l’ai adoptée il y a pas mal d’années et encore une fois en ce début d’année.

Je l’applique à moi-même et aussi à mon entourage : famille, amis, collègues, clients. Dès que je le sens.

Le principe est simple comme bonjour.

Je pose cette question : à quoi est ce que j’aspire vraiment cette année ?

Qu’est-ce que je souhaite au fond ?

On est d’accord, elle est ultra simple cette question.

Pour autant je remarque chaque année inlassablement la même chose.

Et je ne fais pas exception.

C’est super dur de répondre à cette question.

D’ailleurs, elle suscite différentes réactions.

Et quelles sont ces réactions ?

La plupart des personnes sont surprises que je leur demande ce que je peux leur souhaiter

Car elles ne s’y attendent pas.

Habituées aux génériques et fatalement parfois tristement creuses : bonne année et/ou meilleurs vœux.

Ou, quand on a de la chance, à des vœux singuliers que l’autre s’est creusé la tête à trouver. Des vœux un peu pimpés mais qui ne s’intéressent toujours pas à ce que l’autre veut.

Et puis il y a les personnes qui ne souhaitent pas chercher réponse à cette question qui, il faut bien le dire, frôle l’existentiel. Ou encore qui ne souhaitent pas dévoiler leur intimité (ce qui se comprend) et qui répondent : la santé.

Parce que quand la santé va, tout va n’est-ce pas ?

C’est vrai.

Enfin c’est surtout vrai si on comprend par la santé, notre vitalité, celle qui ne vient pas seulement de la non-maladie mais de cette joie de vivre, cette joie de se sentir à sa juste place, cette joie de savoir pourquoi on est là.

Cette joie qui ne dépend pas des évènements extérieurs.

Ça me rappelle une petite histoire d’ailleurs.

De quelle histoire s’agit-il Nathalie ?

Vous la connaissez surement mais en ce début d’année, il me semble qu’elle mérite d’être ré éclairée.

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.

Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre.

Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.

Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Cette légende a de nombreux détracteurs car selon eux elle signifierait que toute la responsabilité porte sur les individus et non pas l’état ou les puissants.

C’est une interprétation possible.

Mais je crois que c’est mal comprendre l’essence de cette légende.

Et comment faudrait-il alors la comprendre ?

Faire sa part n’est pas une injonction morale aux bons gestes individuels.

Non, faire sa part est une invitation à l’engagement.

Un engagement non pas basé sur ce qu’il faut mais sur notre propre motivation.

Comme le dit Mathieu Labonne dans son ouvrage servir le monde, ce n’est pas tant la goutte d’eau qui importe que l’exemple du colibri, de sa vitalité débordante et de son absence de peur.

Cette vitalité est contagieuse car elle réveille un besoin fondamental nié par la société moderne au bénéfice d’un utilitarisme destructeur : le besoin de servir nos valeurs profondes.

Se mettre au service d’une cause donne du sens quand elle sert l’expression de notre intériorité.

Cet engagement au sens de la vitalité, de l’absence de peur, de cet amour à faire simplement ce qui est juste et donc joyeux pour soi, est sans doute la source et le terreau des transitions collectives.

Mais attention, le colibri ne le fait pas parce qu’il pense que ça va éteindre le feu, ça il n’en a aucune idée et ça ne dépend pas de lui. Il le fait parce que c’est juste pour lui sans se pré occuper du résultat.

Alors, ça va être quoi ta ‘goutte d’eau’ à toi ?

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.