L'humeur européenne de Bernard Guetta

A la lumière du Nagorny-Karabakh - L'humeur européenne de Bernard Guetta #11

A la lumière du Nagorny-Karabakh - L'humeur européenne de Bernard Guetta #11

Observons le Nagorny-Karabakh. Observons le tous et attentivement car nulle part ailleurs que dans ce micro-territoire de toutes les passions religieuses, culturelles et nationales, on ne voit aussi bien ce qu’est la profondeur de l’évolution d’un monde devenu si totalement improbable.

Au Nagorny-Karabakh, l’Azerbaïdjan a pu prendre l’avantage grâce à la Russie, à la Turquie et à Israël, grâce à trois pays qu’à peu près tout sépare mais dont les intérêts ont pourtant si bien convergé que l’Arménie a perdu cette bataille. C’est contre Recep Erdogan, Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu que les Arméniens ont perdu mais pourquoi ?

Pour ce qui est de la Turquie, c’est clair. En fournissant à l’Azerbaïdjan armes et supplétifs venus de Syrie, Recep Erdogan a volé aux secours d’un pays dont la religion est l’islam, la langue très proche du turc et l’Histoire intimement mêlée à celle de l’Empire ottoman qui l’avait par deux fois inclus dans ses frontières. Le président turc s’est ainsi affirmé en protecteur de l’ouma, de la communauté des croyants, en un nouveau chef de file de l’Islam restaurant, face à l’Arabie saoudite, ce qui avait été le rôle traditionnel d’un Empire disparu dont il est l’héritier.

Pour Recep Erdogan, soutenir l’Azerbaïdjan, c’était comme refaire de Sainte-Sophie une mosquée, contester la limite des eaux grecques ou approfondir la division de Chypre. C’était une nouvelle façon de proclamer un « retour » de la Turquie un siècle après que la fin de la Première guerre mondiale l’a réduite à son actuel territoire. Rien de surprenant donc à ce que « le sultan » ait si activement aidé les Azerbaïdjanais à préparer leur reconquête du Nagorny-Karabakh, mais la Russie ?

Comment comprendre que ce protecteur historique de l’Arménie chrétienne n’ait rien voulu voir des préparatifs de l’offensive azerbaïdjanaise contre son allié ? Comment expliquer que Vladimir Poutine n’ait non seulement pas tué dans l’œuf cette reconquête du Nagorny Karabakh mais n’ait pour ainsi dire pas aidé l’Arménie avant d’imposer un cessez-le-feu qui entérine à ce point la victoire de l’Azerbaïdjan ?

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