Ce sera l’exode ou le massacre. Ce sera le chaos et la mort dans tous les cas car les dirigeants éthiopiens n’ont pas laissé d’autre choix, dimanche, aux habitants de Mekele, capitale de la province rebelle du Tigré. Ce fut d’abord à l’armée de les avertir qu’ils ne devaient s’attendre à « aucune pitié » s’ils ne « se libéraient pas » des rebelles du TPLF, le Front de libération populaire du Tigré.
L’état-major n’a pas indiqué à ces civils comment faire pour échapper à des guerriers surarmés qui se sont fondus dans leurs rangs et Abiy Ahmed, le Premier ministre, a ensuite enfoncé le clou. Honoré, l’année dernière, d’un Prix Nobel pour avoir conclu la paix avec l’Erythrée, cet homme a donné, lui, « 72 heures » au TPLF pour déposer les armes et se rendre avant qu’ordre ne soit donné à l’armée de lancer l’offensive contre Mekele.
Sauf improbable reddition du Front de libération, les civils n’ont ainsi plus qu’à fuir en masse vers le Soudan limitrophe, pays exsangue qui n’arrive aucunement à subvenir aux besoins des quelques 30 000 Tigréens qui ont déjà trouvé refuge dans ses frontières.
C’est la chronique annoncée d’une tragédie humaine, d’une « catastrophe humanitaire » comme on dit aujourd’hui, mais qui pourrait l’empêcher ?
L’Onu pourrait interposer des casques bleus mais il faudrait pour cela que le Conseil de sécurité le décide alors qu’il est totalement paralysé par l’agonie de la concertation internationale, de ce « multilatéralisme » qu’haïssait Donald Trump.
Première armée au monde, les Etats-Unis auraient, eux, tous les moyens d’empêcher ce drame. Pour leur président sortant, ce serait même la plus belle manière de faire oublier la disgrâce que fut son mandat mais n’y comptons pas. M. Trump se moque du sort des hommes. Seul le sien lui importe et, quel que soit leur président, les Etats-Unis ne veulent de toute façon plus être les gendarmes du monde car cela leur a trop coûté, politiquement et financièrement.
Alors qui ?
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