Chaque semaine sur euradio, retrouvez la chronique de Bernard Guetta, député européen, qui effectue un retour sur les actualités et événements européens actuels.
Je n’étais pas fier de moi. Étudiants ou anciens ministres, artisans ou universitaires, les manifestants géorgiens ne faisaient pas que me remercier d’être venu jusqu’à eux. « Pourquoi ne faites-vous rien, me demandaient-ils ? Quand prendrez-vous des sanctions contre les responsables de la fraude électorale, des arrestations et des tabassages ? ». Quand, mais quand, insistaient-ils, cette Union qu’ils veulent tant rejoindre les défendrait-elle vraiment ?
J’avais le choix : me défausser ou parler vrai, annoncer l’arrivée prochaine de cette délégation d’eurodéputés dont j’allais faire partie ou bien avouer que, France exceptée, les Etats membres restaient beaucoup plus prudents que le Parlement alors que c’est eux qui définissent les politiques européennes. J’avais le choix mais je n’étais pas là pour les démoraliser. Je n’en avais pas le droit et j’ai donc préféré – c’est tellement plus facile – interroger en journaliste plutôt que répondre en homme politique.
« Pourquoi semblez-vous tout attendre de l’Union européenne, leur ai-je à mon tour demandé ? Pourquoi ne vous organisez-vous pas mieux ? N’est-ce pas que vous n’avez pas les moyens de l’emporter et que vous le savez » ?