Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne.
Quoi de neuf en Europe cette semaine Clara Chapel ?
Vendredi 22 novembre, le président de la banque centrale Joachim Nagel et le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau ont appelé, dans une tribune au « Monde » à un renouveau des relations franco-allemandes.
Quel est l’état des relations actuelles entre la France et l’Allemagne ?
Depuis sa naissance dans les années 1950, la relation franco-allemande est un pilier du projet européen. Toutefois, il faut rappeler qu’elle a été plus ou moins fructueuse au gré des leadeurs et crises politiques. Qualifié par le passé de « tandem » ou de « moteur », on l’apparente aujourd’hui à « un couple en crise ».
Qu’est ce qui explique aujourd’hui cet affaiblissement des relations entre les deux pays ?
Depuis ces dernières années, la France et l’Allemagne connaissent des divergences sur des enjeux majeurs comme l'énergie, la sécurité et le commerce qui reflètent des priorités et des approches différentes. De plus, ces tensions sont accentuées par des chocs externes comme la guerre en Ukraine. La France et l’Allemagne ont une approche de la guerre et une culture stratégique différentes. Le chancelier Olaf Scholz ne voit pas de salut de l’Europe hors de son ancrage avec les Etats-Unis tandis qu’Emmanuel Macron prône plutôt la souveraineté européenne.
Revenons à cette tribune, dans quel contexte intervient-elle ?
C’est la récente élection de Donald Trump à la présidentielle américaine faisant planer la menace d’un renforcement des tensions géopolitiques qui a réveillé l’Europe et rendu plus que jamais cruciale la coopération entre Paris et Berlin. Ainsi, face à un dialogue qui semble s’être affaibli entre les deux Etats européens fondateurs, une relance de leur amitié de longue date est nécessaire pour adopter une position commune forte.
Quelles sont les pistes concrètes proposées par les auteurs de la tribune pour donner un nouvel élan à cette relation ?
Les deux gouverneurs de banques centrales promeuvent une action conjointe pour relancer la compétitivité européenne. Trois axes principaux sont privilégiés pour gagner en croissance et en productivité : approfondir le marché unique européen, créer une union pour l’épargne et l’investissement, et réduire la bureaucratie pour accroître l’innovation, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle et de la technologie.
Y a-t-il eu récemment un succès de la coopération entre les deux Etats sur lequel s’appuyer ?
Et bien oui, les auteurs rappellent que pendant la pandémie de Covid-19, le dialogue leur a permis de trouver des compromis fructueux et de surmonter leurs divergences. Ils font ici allusion à la mise en place du fonds NextGenerationEU, un plan de relance européen de 750 milliards d'euros, conçu pour aider les États membres à se relever de la crise sanitaire.
Celui-ci a pour but de financer des réformes et des investissements axés sur la transition écologique, la numérisation et la résilience économique.
Que conclure de tout cela ?
En conclusion, le message est clair : pour une Europe plus forte, innovante et résiliente, il faut retrouver un tandem franco-allemand solide et ambitieux dépassant les divergences pour trouver des compromis. Les efforts en faveur d’un dialogue économique et politique de qualité sont aujourd’hui incontournables pour aider l’Europe à résister et à accroître son influence en ces temps difficiles.
Une interview réalisée par Laurence Aubron.